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Décodages

« Si rien ne se passe, l’Afpa peut disparaître »

Décodages | Formation | publié le : 01.01.2019 |

La CFE-CGC est la seule organisation à ne pas s’être associée à l’intersyndicale. Pourquoi ?

André Thomas : Parce que nous sommes lucides sur la situation financière de l’Afpa et conscients que ni l’État ni le contribuable n’accepteront de subventionner nos pertes éternellement. Le 24 octobre dernier, Muriel Pénicaud a évoqué à l’Assemblée nationale l’hypothèse d’une faillite pure et simple de l’Agence. Ce propos n’a rien d’anodin dans la bouche d’une ministre du Travail. Si rien ne se passe, si les syndicats de l’Afpa ne sont pas en mesure de faire des contre-propositions au plan de la direction, alors l’Agence peut réellement disparaître un jour. Les organisations syndicales doivent en prendre conscience et se rasseoir autour de la table des négociations pour réfléchir à l’avenir de l’Afpa.

Pourtant, ce plan prévoit un nombre de départs jamais vu dans l’histoire de l’Afpa…

A. T. : Nous venons de perdre 4 500 emplois en dix ans, sans aucune aide supplémentaire pour les partants. Alors il serait temps de négocier de meilleures conditions pour ceux qui partent et ceux qui veulent rester. Et la négociation nous offre cette possibilité, comme elle nous permettra de discuter des questions de réorganisation de l’emploi ou des opportunités de formation et de mobilité interne pour ceux qui restent. Il serait quand même incroyable que le plus grand organisme d’ingénierie et de formation de France ne sache pas reconvertir ses salariés ! J’avoue ne pas comprendre le refus de négocier des autres syndicats. Qu’espèrent-ils ? Un milliard d’euros de subvention par an ? L’enjeu aujourd’hui n’est pas de faire casser le PSE par la justice comme ils le souhaitent, mais de réfléchir à créer un modèle pérenne pour que l’Afpa se redéveloppe, sans quoi la faillite évoquée par Muriel Pénicaud peut devenir une réalité conceptuelle dès la fin 2019.

Quel pourrait être ce modèle d’Afpa durable ?

A. T. : D’abord, un constat : le modèle d’une Afpa fondée en 1949 dans une France rurale a fait son temps. Quel jeune citadin irait, en 2018, passer huit mois au Puy-en-Velay pour se former ? L’Afpa n’est pas le service militaire, elle ne peut convoquer personne dans ses centres. Certains sont donc sous-occupés. Sur les 38 sites qui doivent fermer, il en est qui comptent davantage de formateurs que de stagiaires ! Pour autant, nous n’avons pas le droit d’abandonner les salariés qui y travaillent. Pour ces derniers, il faut saisir les opportunités qui se présentent en imaginant créer des synergies public/privé et recréer de l’emploi. Les appels à projets du PIC peuvent nous y aider. Autres pistes : l’Afpa pourrait profiter de la réforme pour se lancer sur l’apprentissage des adultes, mais aussi s’intégrer dans le futur grand service public de l’insertion qui doit être mis en place l’an prochain. En Régions, il est possible de s’associer intelligemment à d’autres acteurs pour répondre à des appels d’offres en organisant des groupements d’employeurs ou des services d’intérêt économique général (SIEG). Les possibilités de transformation sont nombreuses : ne pas réfléchir à leur mise en œuvre serait suicidaire !