Déréglementation, crise économique, tensions sociales, déstabilisation démocratique, guerre : la période 1980-2030 va-t-elle rejouer le drame de 1890-1940, avec en outre la forte probabilité d’être suivie de cataclysmes environnementaux balayant tout sur leur passage dans la seconde moitié du siècle ? Doit-on, compte tenu du contexte, se résoudre à mettre fin à la quête de justice et de progrès social ? L’enjeu de l’ouvrage est terrifiant.

S’appuyant sur le travail du PIPS (Panel international sur le progrès social), à l’issue duquel trois cents chercheurs ont livré un rapport en trois volumes paru chez Cambridge University Press en août 2018, ce manifeste propose une vision fondée sur une nouvelle manière de penser et de réformer les principaux piliers institutionnels. Marchés, entreprises, politiques de protection sociale et mécanismes de délibération démocratique y sont décryptés. Après avoir plongé le lecteur dans un préambule inquiétant, l’ouvrage délivre finalement un message d’espoir en sensibilisant les auteurs.

C’est un véritable appel à l’action (l’initiative locale peut être à l’origine d’importants changements), à un moment où de nouvelles menaces pèsent sur l’avenir et où les idéologies du siècle passé ont été discréditées. Le message est enthousiasmant : « Ni la perte des illusions ni l’essor du capitalisme ne devraient justifier la fin de la quête de justice sociale. » Le manifeste est déjà traduit en Suède et en cours de traduction dans plusieurs pays. Marc Fleurbaey est professeur d’économie à l’université de Princeton (États-Unis). Il est l’initiateur du projet international PIPS (Panel international sur le progrès social), présidé par l’économiste et philosophe Amartya Sen.

Une meilleure société est possible. Sous la direction de Marc Fleurbaey. Éditions La Découverte. 312 pages, 16 euros. Mise en vente le 10 janvier 2019.