Les couples mettent leurs ressources en commun dans les deux tiers des cas. Cette « redistribution privée » diminue les inégalités à l’intérieur du ménage, selon une étude de France Stratégie du 8 novembre. Elle jouait à plein quand les femmes n’étaient pas intégrées sur le marché du travail, mais moins aujourd’hui. Dorénavant, le cumul des deux salaires accentuerait même les inégalités entre couples qui « ne se forment pas au hasard » sur l’échelle des revenus. « Souvent, les femmes et les hommes qui se mettent en couple perçoivent des revenus de niveaux proches ». Cette « homogamie sociale » augmenterait : le nombre de couples dont les deux conjoints figurent parmi les 20 % les plus modestes a doublé. L’augmentation des familles monoparentales réduit également la portée de la redistribution privée, en dépit des pensions alimentaires. Au niveau national, « la hausse du travail des femmes réduit les inégalités de revenus après redistribution privée de – 1,6 point, mais le renforcement de l’homogamie les augmente de + 1,9 point et le recul du nombre de couples les amplifie également, de + 1,2 point ». Les pouvoirs publics ont pris le relais en intensifiant les transferts sociaux. « Si les structures familiales et l’homogamie étaient restées identiques à celles de 1996, les recettes publiques au titre de l’impôt sur le revenu seraient restées quasiment stables, mais les dépenses de prestations sociales auraient été sensiblement moins élevées : elles auraient été réduites de 13 %, ce qui représente un gain de 6,2 milliards d’euros sur notre champ. » L’essentiel de ces moindres dépenses sociales concerne les minima sociaux et les prestations logement. La tendance à l’homogamie peut toutefois être relativisée. Elle est étudiée ici en termes de revenus, mais « en termes de diplômes, de classes sociales et de classes sociales d’origine » elle aurait « clairement décliné en France au cours des quarante dernières années », indique le sociologue Milan Bouchet-Valat, dans la Revue française de sociologie en 2014.