Les conflits peuvent dégrader l’ambiance et l’efficacité dans les équipes. En 2016, un différend éclate entre un manager et son collaborateur chez Arterris. Tandis que le supérieur demande régulièrement des comptes à son contremaître, ce dernier a l’impression d’être fliqué et que l’on tente de monter un dossier à charge contre lui. Face à cette situation de blocage dans l’une de ses usines de semences, la coopérative agricole, basée à Castelnaudary, a décidé de recourir à la médiation professionnelle. « Le chef d’équipe n’avait plus confiance en son collaborateur, et celui-ci éprouvait de la défiance. Ils n’arrivaient plus à communiquer et à travailler ensemble. Nous avons essayé de recréer du lien et les représentants du personnel sont intervenus, sans succès. Plutôt que de nous séparer de salariés compétents, en ultime solution, nous avons fait appel à un médiateur », justifie Yasmina Bousraou-Koubaa, DRH. Grâce à un jeu d’écoute et de reformulation, ce professionnel neutre, impartial et indépendant aide les salariés à prendre du recul et à comprendre les points de vue et les ressentis de l’autre. Son objectif est de les amener à co-construire des solutions à leurs différends. À Arterris, la démarche a abouti à revoir l’organisation du travail et à élargir les responsabilités du contremaître. « Les personnes en difficulté émotionnelle ont tendance à rentrer dans la surenchère et à camper sur leurs positions. Le médiateur est là pour pacifier les relations et pousser les interlocuteurs à regarder leurs problèmes de façon rationnelle. Le dialogue est la clé pour sortir du conflit », explique Michel Thérin, médiateur. À chaque médiation, les deux parties, les RH et le médiateur signent une convention les engageant à faciliter la résolution du conflit, à respecter la confidentialité des échanges et à appliquer les solutions. « Comme les services RH n’ont pas connaissance de la teneur des entretiens, les salariés et leurs managers osent s’exprimer et mettre sur la table les non-dits à l’origine des tensions », indique Yasmina Bousraou-Koubaa. En 2017, Arterris a intégré la médiation professionnelle dans son accord sur la qualité de vie au travail. Désormais, la société ne fait plus seulement appel au médiateur en dernier recours mais elle cherche à prévenir d’éventuels conflits. Elle envisage de former ainsi ses managers à la médiation. Pour Yasmina Bousraou-Koubaa, « en cas de conflits, un cercle néfaste s’installe. Les messages ne circulent plus et les collaborateurs se sentent pris en tenaille. Si des mesures adéquates ne sont pas prises, ils peuvent générer des risques psychosociaux et de la souffrance au travail. »

Être promu manager n’est plus un Graal. Si 84 % des managers se voient encore à ce poste dans cinq ans, seuls 34 % de leurs collaborateurs aspirent à accéder à cette fonction. Pourtant, selon le baromètre Cegos « Radioscopie des managers », plus d’un sur deux l’est devenu par choix. Parmi leurs motivations : accompagner le développement des collaborateurs et de leurs aptitudes (53 %), être associé aux décisions stratégiques de l’entreprise (40 %), accompagner les projets de transformation de l’entreprise (39 %). Sans surprise, 44 % souhaitaient plus de reconnaissance et de salaire. Le plus valorisant pour les chefs d’équipe est le management individuel et la montée en compétences (54 %), bien plus que le reporting (9 %), les relations avec les partenaires sociaux (16 %) ou la nécessité de jouer les relais sur la stratégie de l’entreprise (28 %). Las, 54 % jugent qu’il est plus difficile de diriger que par le passé. En cause : le manque de soutien de la direction.

des managers jugent qu’il est plus difficile de manager aujourd’hui qu’hier.

Source : Baromètre Cegos « Radioscopie des managers »