logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Édito

Les leçons de l’affaire Pavageau

Édito | publié le : 01.11.2018 | Jean-Paul Coulange

Image

Les leçons de l’affaire Pavageau

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Le départ précipité de Pascal Pavageau de la direction de Force Ouvrière laisse un goût amer aux tenants de la démocratie sociale. Moins de quatre ans après la démission de Thierry Lepaon du secrétariat général de la CGT, voici donc son homologue de FO contraint de jeter l’éponge à son tour. Thierry Lepaon avait tenu près de deux années à la tête de la CGT avant d’être emporté par des révélations sur son train de vie : travaux réalisés dans son bureau et dans son appartement de fonction, émoluments en tant que n° 1 de la CGT, prime de départ de la CGT Normandie, tout cela avait secoué des camarades peu habitués à ce que leurs dirigeants se comportent en divas. Pour Pascal Pavageau, les faits sont bien plus graves puisqu’il est question, ici, du fichage de dirigeants de Force Ouvrière, entrepris par l’entourage de l’ex-secrétaire général avant même son élection à la tête de la confédération.

Néanmoins, les affaires Lepaon et Pavageau ont ceci de commun qu’elles résultent d’une succession mal emmanchée – celle de Bernard Thibault à la CGT et celle de Jean-Claude Mailly chez Force Ouvrière – et qu’elles révèlent des centrales déchirées entre conservateurs et modernistes (ou protestataires et réformistes), et des directions confédérales aux allures de World Company, où les manœuvres, coups tordus et autres basses besognes sont monnaie courante.

Trop heureux de casser du syndicaliste, certains ne se sont pas privés d’établir un parallèle avec le fichage illégal de salariés d’Ikea contre lequel le syndicat FO du géant suédois du meuble a porté plainte pour « utilisation frauduleuse de données personnelles »… Sauf qu’il s’agissait d’informations achetées à des enquêteurs privés et puisées dans les fichiers de police. Chez FO, le scandale provient d’un fichage interne digne des RG.

Finalement, c’est l’ensemble du syndicalisme qui pâtit de cette affaire, alors même que les corps intermédiaires tentent de garder leur raison d’être. Les dernières statistiques publiées par le ministère du Travail ne prêtent guère à l’optimisme. En France métropolitaine, le taux de syndicalisation est passé sous la barre des 11 %, et c’est dans la fonction publique que la baisse est la plus prononcée. C’est dire si les élections du 6 décembre prochain s’annoncent cruciales. Inexistants dans les TPE, absents des secteurs émergents comme l’économie collaborative, les high-tech ou les indépendants, faibles dans l’ensemble du secteur privé, les syndicats se doivent de consolider leurs bases dans le secteur public. Question de survie.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange