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« Un million d’emplois », le pari du Medef est-il tenu ?

Actu | Repères | publié le : 01.11.2018 |

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Niveau de l’emploi salarié de 2014 à 2018, en milliers Source : Insee, estimations d’emploi ; estimations trimestrielles Acoss-Urssaf, Dares, Insee

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Une campagne afin d’assouplir le droit du travail

C’était la communication par le Pin’s. En septembre 2014, Pierre Gattaz, président du Medef, épinglait sur sa veste un slogan : « Un million d’emplois ». Cet objectif devait être atteint en cinq ans, en complétant le CICE et le Pacte de responsabilité par des mesures phares dont la fixation des règles au niveau de l’entreprise, la révision de la durée du travail, un assouplissement du contrat de travail, présentées dans un livre jaune. Quatre ans après, « la France est en passe de gagner le pari de créer un million d’emplois sur cinq ans », déclare-t-il au Figaro, le 25 juin. Critiqué à l’époque pour une fausse promesse, les chiffres pourraient lui donner raison, tout dépend du mode de calcul. Seulement, il est difficile de montrer que ces emplois proviennent effectivement de la flexibilité du marché du travail et non pas d’autres facteurs ou du rythme normal de l’économie.

Entre 875 000 et un million d’emplois salariés créés entre 2014 et 2019

La France (hors Mayotte) comptait 24,43 millions de salariés (dans le privé et le public) au second trimestre 2014. Quatre ans plus tard, en 2018, ils étaient 25,18 millions, selon l’Insee. Ainsi, 710 000 emplois ont été créés dans le privé, alors que l’emploi public s’est stabilisé. En moyenne, 177 000 emplois ont été créés chaque année entre 2014 et 2018. Si l’on s’en tient à ce rythme, nous atteindrons 875 000 emplois mi-2019. Si l’on se base sur le rythme de 2017, année exceptionnelle marquée par la création de 356 000 emplois, nous atteindrions effectivement le million d’emplois. Mais le rythme a décéléré en 2018 (+ 208 000 créations entre mi-2017 et mi-2018). Ces totaux augmentent toutefois si l’on ajoute les non-salariés.

Les évaluations du CICE apparaissent contradictoires

Les deux principales études sur le CICE aboutissent à des résultats distincts : zéro emploi créé, contre environ 100 000 emplois créés ou sauvegardés. Cette différence entre création et sauvegarde révèle déjà la difficulté de l’exercice.

LE COMITÉ DE SUIVI conclut en octobre 2018 à « un effet net qui serait proche de 100 000 emplois créés ou sauvegardés » en 2014 et 2015 dans les entreprises les plus exposées au CICE. Il retient ainsi l’évaluation de l’équipe « Travail, emploi et politiques publiques » (TEPP) qui avançait le chiffre de 108 000 en moyenne. Mais elle proposait une fourchette assez large, comprise entre 10 000 et 205 000 emplois créés ou sauvegardés.

LA SECONDE ÉQUIPE, le Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (LIEPP), suggère un effet nul sur l’emploi total. Elle trouve un effet négatif sur l’emploi des ouvriers et des employés (dès 2013) et positif sur l’emploi des cadres et des professions intellectuelles supérieures (à partir de 2014).

> « AUCUNE ÉQUIPE DE RECHERCHE ne décèle d’effets sur l’investissement, les dépenses R & D ou encore les exportations », relève une note de l’Institut des politiques économiques (IPP) d’octobre 2018. Le CICE aurait relevé les marges car il « a été largement perçu comme une baisse d’IS », « plutôt que comme une réduction du coût du travail » censée provoquer des embauches.

1 000 000

Total d’emplois que le Medef s’était engagé à créer