L’histoire sait faire preuve d’ironie. Le 17 octobre, alors que Pascal Pavageau était contraint à la démission de la direction de Force ouvrière par le scandale du fichage des cadres de son syndicat, Stéphane Lardy se voyait propulsé à la tête de la mission de préfiguration de France Compétences, la future agence en charge du pilotage des politiques de formation et d’apprentissage. Chute de l’un, ascension de l’autre. Soit l’exact contrepoint du résultat du duel qui opposa les deux hommes en 2016 pour la succession de Jean-Claude Mailly. À l’époque, c’est Pavageau-le-radical, soutenu par l’aile la plus dure du syndicat, qui était propulsé au sommet. Lardy-le-réformiste, lui, perdait tout, tirant un trait sur une longue carrière au sein de la centrale de l’Avenue du Maine. Entré comme juriste permanent au sein de la FGTA (fédération FO de l’agroalimentaire) en 2001, il fut élu en 2007 secrétaire confédéral en charge de l’emploi et de la formation professionnelle, chargé de conduire les délégations FO lors des négociations sur les sujets sociaux. Un job parfois difficile à tenir pour ce partisan de l’individualisation des droits des salariés qui dut souvent mettre ses convictions dans sa poche pour défendre la ligne plus « collectiviste » du syndicat. Socialiste converti au macronisme, ce titulaire d’une double maîtrise de sciences politiques et de droit social ainsi que d’un doctorat en sociologie, fut choisi pour rejoindre le cabinet de Muriel Pénicaud en 2017. Désormais, c’est à lui de construire la future instance de pilotage du développement des compétences des actifs. Avant, peut-être, d’en prendre la direction en 2019.