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La contestation du travail. Signaux faibles

Idées | Livres | publié le : 01.10.2018 |

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La contestation du travail. Signaux faibles

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Longtemps considéré comme alpha et omega de notre insertion dans la société, le travail est de plus est plus critiqué. David Frayne, sociologue et enseignant à l’université de Cardiff (Grande-Bretagne), explore les contours d’une contestation. Simple provocation ou tendance de fond d’alternatives crédibles ?

Romantiques, passez votre chemin. Les nombreux témoignages de résistants au travail, touchants et sincères, dressent des situations parfois difficiles. Il y est question de bonheur, de tristesse, de crainte, de maladie, de projets et d’espoir. Telle est la mise en garde de Baptiste Mylondo, traducteur de l’ouvrage, qui enseigne la philosophie et l’économie à Lyon. Surtout, il ne faut pas se fier à la couverture couleur crème du livre ni s’inquiéter des 300 pages à parcourir. Il est également impératif de ne pas tenir compte de la note de l’éditeur : « David Frayne trace d’abord une limpide théorie historique du travail, convoquant Calvin, les grands utopistes, Marx, Keynes et de nombreux autres, jusqu’à André Gorz. » Tout cela pourrait être rédhibitoire. Et vous pourriez passer à côté d’une pépite. D’une pépite profondément humaine ponctuée de questionnements tels que : « à quel moment une journée de travail se termine-t-elle ? »

Une enquête scientifique

Le but de l’auteur est de mettre en évidence la « provocation » que constitue l’idée de défendre une vision du bonheur où le travail n’aurait pas sa place. Mais attention à trop simplifier. Il y a bien la thèse : « L’aliénation du travail contraint, les souffrances psychiques ou physiques ne sont que quelques-unes des facettes de l’envahissement irrépressible de notre liberté par de soi-disant besoins économiques. » Elle est contrebalancée par : « Mais il serait simple de refuser une telle contrainte si le travail ne jouait pas aussi le rôle d’une forteresse pour ceux qui s’y plient, protection autoproclamée contre le chômage et son stigmate, promettant inclusion sociale et bonne santé. » David Frayne a enquêté auprès de personnes qui ont renoncé à chercher du travail : quel a été le moment de bascule, comment vivre en étant considéré comme incomplet ou inutile, quelles nouvelles perspectives s’ouvrent ? Il s’agit d’une enquête, certes pas neutre, mais dotée d’une réelle rigueur scientifique. Comme le rappelle le traducteur dans la préface : « Refuser le travail n’est pas une sinécure. »

Le refus du travail.

Théorie et pratique de la résistance au travail, David Frayne. Éditions du détour. 300 pages, 22 euros.