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Édito

L’emploi n’est pas au bout de la rue

Édito | publié le : 01.10.2018 | Jean-Paul Coulange

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L’emploi n’est pas au bout de la rue

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Par une de ces formules choc qu’il affectionne, destinée à un jeune horticulteur en recherche d’emploi, Emmanuel Macron a braqué les feux sur une des plaies du marché du travail français : l’inadéquation entre l’offre et la demande. Un dysfonctionnement qui provient à la fois des carences de notre appareil de formation, tant initiale que continue, dont l’Éducation nationale n’est qu’un des maillons ; des défauts du service public de l’emploi et de l’orientation, dont Pôle emploi n’est qu’un des acteurs. Et du comportement intrinsèque des chercheurs d’emploi (le terme étant plus heureux que celui de demandeur d’emploi). L’une des façons les plus objectives de quantifier cette inadéquation entre offres et demandes d’emploi est de se reporter aux études du ministère du Travail et sa direction de la recherche, la Dares, sur les fameux « emplois vacants ». Ces postes libres, « nouvellement créés, inoccupés ou encore occupés et sur le point de se libérer », selon la définition européenne, « pour lesquels des démarches actives sont entreprises pour trouver, à l’extérieur de l’établissement, le candidat convenable dans l’immédiat ou dans un avenir proche ». Il peut s’agir tout à la fois d’emplois en CDI, en CDD, d’emplois saisonniers, ou de contrats de courte durée. La Dares vient de publier les chiffres correspondant au deuxième trimestre 2018. Dans les entreprises de plus de dix salariés – une des failles du comptage car il exclut environ deux millions d’entreprises – le nombre d’emplois occupés représente quasiment 13 millions de postes de travail. Et le nombre d’emplois dits vacants est de 150 000, dont un peu moins de 100 000 dans le tertiaire marchand (le commerce notamment), plus de 40 000 dans l’industrie et le BTP et 10 000 dans le tertiaire non marchand. On est loin de la manne espérée !

Autre méthode de comptage, les 200 000 à 300 000 offres d’emploi non pourvues dont Muriel Pénicaud se fait régulièrement l’écho sur la base de chiffres de Pôle emploi. Une partie de ces projets d’embauche sont toujours en cours, d’autres sont abandonnés en cours de route par les entreprises elles-mêmes. On en revient, là encore, à quelque 150 000 emplois non pourvus, pour de nombreuses raisons. Pas assez de candidats ou des candidats n’ayant pas le savoir-faire (les compétences) ou le savoir être (le comportement) requis. Des métiers, des rémunérations, des lieux de travail, des conditions de travail (les horaires par exemple) pas assez attractifs… En clair, vous l’aurez compris, le fonctionnement du marché du travail relève d’une savante alchimie, qui exclut les jugements hâtifs. Néanmoins, il est patent que les entreprises françaises souffrent de plus en plus du manque de main-d’œuvre, perdant du même coup des commandes et du chiffre d’affaires. 40 % des PME (de moins de 250 salariés) seraient dans ce cas. La récente réforme de la formation et celle à venir de l’assurance-chômage auront fort à faire pour remédier à ce gâchis.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange