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Jean-Marie Marx : Le couteau suisse du social

Actu | Eux | publié le : 01.10.2018 | Benjamin d’Alguerre

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Jean-Marie Marx : Le couteau suisse du social

Crédit photo Benjamin d’Alguerre

La scène se déroule à Guyancourt, dans les Yvelines. En ce 6 septembre, sous le cagnard de l’été indien, Muriel Pénicaud inaugure le nouveau campus des métiers de l’automobile et de la mobilité, suivie par un aéropage ministériel. Parmi ces visiteurs de prestige, Jean-Marie Marx, nommé quelques jours plus tôt, le 27 août, au poste de haut-commissaire aux Compétences et à l’Inclusion par l’emploi. Lorsque le convoi s’arrête devant un stand de réparation de vélos électriques, l’homme de 57 ans hésite, puis finalement, choisit d’enfourcher l’un des engins pour un petit tour de piste… qui se serait achevé sur le bitume si le cycliste d’un jour n’avait eu le réflexe de piler au dernier moment. « C’est normal. Jean-Marie ne freine jamais ! Ni pour le vélo ni pour le développement des compétences ! », lance, hilare, la ministre du Travail.

Pour éviter le gadin, l’homme a dû faire preuve de souplesse et de réactivité. Deux qualités que ce vieux routard du social devra aussi déployer dans la nouvelle mission qui vient de lui être confiée. Rien de moins que le pilotage du plan d’investissement compétences (PIC), ce grand projet quinquennal visant à former un million de chômeurs et autant de jeunes sans qualification aux métiers de la transition numérique et écologique. Soit l’une des promesses majeures du programme du candidat Macron dont la réussite – ou l’échec – pourrait conditionner la course à un second mandat présidentiel. Un projet ambitieux pour un homme qui ne pourra guère compter pour le seconder que sur une équipe restreinte de six collaborateurs. Sa prédécesseure à ce poste, Estelle Sauvat, s’y est déjà cassé les dents. Lui voit ce défi comme un accomplissement terminal : « Je veux réussir ce PIC. Si j’y arrive, ce sera la plus belle réussite de ma carrière », a-t-il l’habitude de répéter.

Une carrière d’ailleurs bien remplie. « Dans le social, ils ne sont pas nombreux à avoir le même CV ! », confie Gérard Cherpion, député LR des Vosges et spécialiste ès-formation. Il faut dire qu’en la matière, Jean-Marie Marx, à l’origine inspecteur général des Eaux et Forêts chargé de la supervision de l’enseignement agricole, a été à bonne école. Celle de Martine Aubry en l’occurrence, dont il rejoindra le cabinet au ministère de l’Emploi en 1991. Puis c’est l’ascension : directeur-adjoint de l’ANPE pendant huit ans aux côtés de Christian Charpy. Mauvaise passe : les deux hommes s’apprécient peu et Jean-Marie Marx sortira de cette expérience blessé de n’avoir pas su empêcher la fusion ANPE-Assedic à laquelle il ne croyait guère.

Homme de gauche, il n’en est pas moins sollicité en 2010 par Laurent Wauquiez, alors secrétaire d’État à l’Emploi, pour rédiger un rapport sur la formation des chômeurs avant de prendre la tête de l’Apec en 2012 tout en présidant en parallèle la « concertation quadripartite » entre État, partenaires sociaux, Régions sur le compte personnel de formation, préfiguratrice du Cnefop… dont il occupera à son tour la présidence dès sa mise en place en 2014 avec la difficile mission de jongler entre les intérêts parfois contradictoires des différents acteurs assis autour de la table. « Présider le Cnefop, c’était une mission impossible… mais l’intelligence de Jean-Marie, sa capacité à prendre de la hauteur et sa maîtrise technique des dossiers lui ont permis de concilier tout le monde », salue le député lorrain. Pas le temps de souffler pour celui que l’on surnomme parfois « le couteau suisse du social ». Dès octobre, bâton de pèlerin en main, il va devoir superviser le déploiement du PIC dans les Régions, mais sans brusquer les susceptibilités locales déjà heurtées par la perte de la compétence apprentissage. Un nouveau travail d’équilibriste en perspective.

Jean-Marie Marx Haut-commissaire aux Compétences et à l’Inclusion par l’emploi

2002

Directeur-adjoint de l’ANPE

2010

Directeur général d’Agefaforia, OPCA des industries alimentaires (devenu Opcalim en 2012)

2012

Directeur général de l’Apec

2014-2015

Président de la concertation quadripartite sur le CPF, puis du Conseil national de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles (Cnefop)

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre