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Le journal des RH

La marche arrière

Le journal des RH | Protection sociale | publié le : 01.09.2018 | Irène Lopez

Favoriser les congés parentaux en rehaussant les indemnités était inscrit dans un projet de directive européenne sur l’« équilibre entre vie privée et vie professionnelle ». Or, le texte n’a pas séduit les 28 États membres. Remanié, il a été vidé de sa substance, notamment en matière d’égalité entre femmes et hommes.

Il existe des différences marquées entre les taux moyens d’utilisation du congé parental par les mères et par les pères, ce dernier restant encore trop faible dans de nombreux États membres. La proposition 2017/0085(COD) tentait de remédier à cette lacune en établissant un congé parental d’une durée minimale de 4 mois qui ne peut pas être transféré entre parents. Le texte initial prévoyait également un congé parental rémunéré à hauteur des congés maladie (ce qui correspondrait en France à la moitié du salaire, plafonné à 1,8 fois le salaire minimum). La France est l’un des pays qui s’est opposé à une meilleure rémunération du congé parental. L’égalité entre femmes et hommes était pourtant une promesse de campagne d’Emmanuel Macron et la « grande cause nationale » de son mandat.

396 euros par mois

Emmanuel Macron a souligné « une belle idée » mais dont le coût est « potentiellement explosif ». Selon une estimation, évoquée par la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn devant le Sénat, cette réforme coûterait 1,6 milliard d’euros à la Sécurité sociale française. Et ce chiffre pourrait encore augmenter, car la rémunération plus attractive pourrait attirer de nouveaux publics.

Aujourd’hui, dans l’hexagone, le congé parental est indemnisé à hauteur de 396 euros par mois pour un temps complet. C’est pourquoi, malgré une réforme en 2014, ce sont les femmes qui le prennent majoritairement car les hommes gagnent généralement plus que les femmes. Seuls 5 % des bénéficiaires de congé parental sont des pères, selon une étude de la Cnaf en 2017. La responsabilité de la garde de l’enfant incombe, par conséquent, à la mère, qui doit seule aménager sa carrière professionnelle. Pourquoi 45 % des pères islandais ou suédois choisissent de prendre un congé parental ? Parce qu’il est fortement indemnisé et proportionnel aux revenus antérieurs. La piste de l’indemnisation serait bien la clé pour un congé parental plus égalitaire…

Auteur

  • Irène Lopez