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Édito

L’heure de la retraite a sonné

Édito | publié le : 01.09.2018 | Jean-Paul Coulange

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L’heure de la retraite a sonné

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Après un premier semestre trop focalisé sur la réforme de la SNCF, et pas assez sur celle de la formation, et un été agité par l’affaire Benalla, la rentrée sociale s’annonce en demi-teinte. Le décor et les acteurs sont en place. Et on connaît les grands thèmes de la pièce, avec la santé au travail, la pauvreté et l’assurance-chômage. Les partenaires sociaux sont ressortis du sommet social élyséen le 17 juillet sans grand enthousiasme, mais moins vindicatifs qu’auparavant. Rien qui puisse donner une quelconque indication sur le climat social à venir. Ne nous y trompons pas : le vrai rendez-vous est déjà inscrit à l’ordre du jour depuis le mois de mai, avec le lancement de la réforme des retraites, prévoyant 120 réunions de travail avec les partenaires sociaux, autour de sujets aussi explosifs que les régimes spéciaux, les droits familiaux, le niveau de couverture, l’assiette et le taux de cotisation… Sur cette question qui reste, dans notre pays, la mère des réformes, l’exécutif n’a pas été tenté par un passage en force. Rien à voir avec l’été 1993 durant lequel Édouard Balladur avait fait passer une réforme indigeste pour les salariés du privé (passage à 40 ans de cotisation, calcul de la pension sur les 25 meilleures années et revalorisation en fonction de l’indice des prix et non plus des salaires). Il faudra attendre dix ans pour que la situation des fonctionnaires soit alignée sur celle des salariés du privé et dix-sept années pour que l’âge de départ soit reporté à 62 ans, afin de tenir compte de l’allongement de la durée de vie.

Ainsi vont les régimes par répartition, un ouvrage sans cesse remis sur le métier depuis qu’un mémorable Livre Blanc a dressé, en 1991, un état des lieux plus qu’alarmant des perspectives financières à long terme des régimes par répartition. Le Premier ministre, Michel Rocard, s’était bien gardé de toucher au système, estimant qu’une telle réforme avait de quoi faire sauter plus d’un Gouvernement. En matière de retraites, c’est plus souvent la prudence que l’audace qui a guidé nos dirigeants. Cette fois, Emmanuel Macron semble ne pas reculer devant le défi d’une réforme systémique, après vingt-cinq ans de mesures paramétriques faisant coulisser les curseurs sur la durée de cotisation, l’âge de départ ou le calcul de la pension. Plus que le droit du travail ou l’assurance-chômage, c’est vraisemblablement sur les retraites que se jouera et se jaugera le quinquennat d’Emmanuel Macron.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange