Près de la porte d’entrée, une sculpture suspendue dans les airs semble voguer au gré des flots. Grâce à des données collectées en temps réel, elle retranscrit les oscillations d’une balise perdue en plein océan Pacifique. À l’ère numérique, les données ne sont plus seulement une mine d’or pour les géants du Net. Elles sont aussi un précieux matériau de création pour les artistes. Jusqu’au 6 octobre, l’exposition « 1,2,3, Data » de la Fondation EDF rassemble les œuvres d’une quarantaine de « data designers ». Leur point commun : mettre en mouvement des amas d’informations et lignes de chiffres pour créer des pièces à la fois poétiques, surprenantes, éducatives ou amusantes.

Parmi les installations artistiques figurent le portrait collectif Multiplicity. À partir des milliers de photos publiées sur l’application Instagram, Moritz Stefaner offre un visage étonnant de Paris. Rassemblés par mots-clés tels que « fashion », « love », « party », « food », les clichés défilent sur l’écran jusqu’à en donner le tournis. Un peu plus loin, des artistes belges se sont amusés à détourner des données chiffrées sur la biodiversité, les inégalités sociales, les migrations pour les représenter sous forme de plats culinaires. Cette façon ludique d’illustrer l’état du monde se révèle plus efficace pour sensibiliser le public que tous les discours alarmistes. Afin de prévenir les visiteurs de l’exploitation massive de leurs données sur la toile, la Fondation a imaginé le casino Las Datas. Dans ce temple du jeu, petits et grands échangent leurs informations personnelles contre des jetons à insérer dans les machines à sous. Votre prénom en vaut 1 et votre le numéro de carte bleue dix. À gagner, une peluche pour les plus naïfs ou bien une cure pharmaceutique pour les plus addicts.

jusqu’au 6 octobre 2018, à la Fondation EDF, Paris VII.