Avec son prédécesseur, la différence de ton se fait déjà entendre. « Plus direct, plus cash », assume Pascal Pavageau. Le nouveau secrétaire général de Force Ouvrière (FO), élu à la faveur du congrès de Lille, vendredi 27 avril, ne mâche en effet pas ses mots. En particulier à l’égard d’Emmanuel Macron, avec lequel il a la dent plus dure. Le nouveau patron de FO se disant « totalement opposé » à la vision sociale du locataire de l’Elysée. Y décelant « une logique de chacun pour soi, une logique de jungle ». « Emmanuel Macron déprotège », formule Pascal Pavageau.

« Ce n’est pas très français mais j’assume le mot. Notre héritage social, c’est que 93 % des travailleurs de ce pays sont couverts aujourd’hui par une convention collective ou un statut », s’explique-t-il. « Au lieu de viser les 100 % de protection, au contraire, il attaque les statuts, les conventions collectives, le Code du travail. Chaque fois qu’il peut déprotéger, il le fait, et rattache les droits aux individus, comme avec le CPA (compte personnel d’activité. Ndlr.) », expose le nouveau secrétaire général. Qui est remonté aussi contre les pressions du Gouvernement sur le paritarisme, bousculé sur la réforme de la formation professionnelle ou l’Unedic.

Au sein de FO, lors de l’élaboration des ordonnances réformant le Code du travail, Pascal Pavageau avait contesté le positionnement de Jean-Claude Mailly, comme interlocuteur de l’exécutif. Les congrès de FO sont souvent mouvementés.

Mais avec ce clivage sur les ordonnances, celui de Lille promettait d’être « rock’n roll », anticipait quelques jours avant Jean-Claude Mailly, qui s’attendait à se faire chahuter sur le vote de son bilan d’activité. Pascal Pavageau promettait lui de « réunir la maison FO », qui, certes en a vu d’autres en 70 ans d’histoire, célébrées justement cette année. Pascal Pavageau se dit « FO canal historique ».

Âgé de 49 ans, ingénieur des travaux publics de l’État, le nouveau secrétaire général est tombé dans la marmite du syndicat en 1991.

En créant la section FO des élèves ingénieurs de l’ENTPE. Adopté, ce fort en math est un enfant de la Ddass. D’où peut-être son attachement viscéral au cadre républicain, aux services publics. À FO, il a gravi tous les échelons, jusqu’au bureau confédéral, en 2009. Deux ans plus tard, il ambitionne de prendre les rênes. « J’en ai informé Mailly. Je lui ai dit quand tu arrêteras, j’irai », assure-t-il. Pascal Pavageau souhaite maintenant redorer l’image syndicale. « On n’est pas des dinosaures, pas des gens d’un ancien monde », se défend-il : « notre engagement est noble. On cherche à défendre, protéger, proposer, construire ».

Très soucieux de l’indépendance, dans l’ADN de FO, le nouveau secrétaire général est le premier à être non encarté par ailleurs. Au bureau confédéral, il a fait entrer six nouveaux membres, libres de tout autre engagement eux aussi. Dont quatre femmes. Parmi les chantiers devant lui, Pascal Pavageau veut notamment « briser le plafond de verre » auquel les femmes se heurtent au sein du syndicat. Et améliorer l’implantation de FO dans les entreprises, pour pouvoir regagner du terrain sur la CFDT et la CGT. Mais il reste du chemin à parcourir…

1991

Création de la section des élèves ingénieurs de l’ENTPE, adhésion à FO

2003

Secrétaire général du Syndicat national des ingénieurs des travaux publics d’État et des collectivités territoriales SNITPECT-FO

2009

Secrétaire confédéral de FO chargé de l’économie, de la fiscalité, du service public, du numérique de la politique industrielle de l’environnement et du développement durable

2018

Secrétaire général de FO