Les effets de l’intelligence artificielle sur l’emploi mettent les prospectivistes dans une position inconfortable. « Il est difficile aujourd’hui de savoir ce qu’il adviendra d’ici quinze ou vingt ans », admet France stratégie, dans son rapport de fin mars 2018. Depuis 2013, des études de l’université d’Oxford qui prévoyaient 47 % d’emplois détruits, ou du cabinet Roland Berger, qui tablait sur 42 %, ont défrayé la chronique. Les robots allaient remplacer les travailleurs dans les tâches répétitives, qu’ils soient manuels ou intellectuels. Puis d’autres recherches sont venues relativiser ces chiffres : « De plus en plus d’emplois apparaissent peu automatisables en France en raison des interactions sociales et de l’adaptabilité qu’ils requièrent », indiquait France Stratégie en juillet 2016. Mais la donne est en train de changer. Les « chatbot » sont des machines qui peuvent interagir avec les internautes et répondre à leurs questions. La victoire d’une intelligence artificielle (AlphaGo) au jeu de go montre que les logiciels peuvent interpréter des images complexes.
France Stratégie passe au crible l’impact dans trois secteurs : transport, banque et santé. Dans le transport de marchandise, le véhicule autonome remplacera le chauffeur sur les longues distances, à la manière d’un camion sur rail. Les besoins de main-d’œuvre pour les petites distances au niveau local pourraient augmenter. Dans la banque, les « chatbot », « encore à leurs balbutiements », vont modifier le métier des « chargés de clientèle particuliers » ou « conseillers bancaires » qui représentent 1/5e des effectifs du secteur. Dans la santé, la « quasi-totalité des champs de l’intelligence artificielle » pourront s’appliquer. Les logiciels pourront probablement diagnostiquer des pathologies à partir d’une radiologie et repérer des anomalies cardiaques, et améliorer la précision des gestes des chirurgiens.
