logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Le journal des RH

Réforme de l’apprentissage : changement de paradigme

Le journal des RH | Formation | publié le : 07.03.2018 | Laurence Estival

À l’issue de plusieurs mois de négociations, le gouvernement a présenté les grandes lignes de la future réforme de l’apprentissage qui devrait profondément modifier le système.

« Nous allons passer d’un système administré par les pouvoirs publics à un système régulé par le monde professionnel. Là où jusqu’ici l’État et les Régions géraient 80 % du dispositif et les entreprises les 20 % restants, le rapport va être inversé. » Résumant ainsi la philosophie de la réforme de l’apprentissage1 qui sera présentée au parlement au printemps, Antoine Foucher, directeur de cabinet de la ministre du Travail Muriel Pénicaud, n’a pas hésité, lui non plus, à parler de « révolution copernicienne ». Les grandes orientations donnent en effet plus de pouvoirs aux branches professionnelles. Elles seront chargées de coécrire les diplômes professionnels avec l’État et le nouveau mode de financement des CFA, calculé en fonction du nombre de jeunes ayant trouvé une entreprise prête à signer un contrat, fera sauter les derniers verrous en donnant une prime aux centres de formation les plus dynamiques. Pour le gouvernement, il s’agit d’aligner la France sur ce que font l’Allemagne ou la Suisse où l’apprentissage est beaucoup plus développé.

Si elles perdent certaines de leurs prérogatives, les Régions, qui « condamnent » ce projet trop libéral à leur goût, auront la responsabilité d’abonder le financement des CFA situés en zone difficile (milieu rural ou quartiers prioritaires de la ville) pour maintenir leur présence sur tout le territoire. Elles auront aussi en amont le pouvoir d’organiser le développement des formations à travers un schéma régional rassemblant des conventions de moyens et d’objectifs signées avec les branches professionnelles. Elles distribueront l’aide unique à l’embauche des apprentis recentrée sur les entreprises de moins de 250 salariés et les niveaux Bac et infra-Bac. Mais surtout, elles joueront un rôle pivot dans l’information et l’orientation des jeunes. Car si la levée d’obstacles administratifs est de nature à inciter les entreprises à s’investir davantage, seule l’augmentation du nombre de candidats permettra réellement à l’apprentissage de décoller. Le gouvernement a d’ailleurs annoncé dix mesures incitatives pour les jeunes, allant de la revalorisation de leur rémunération au doublement du nombre de bénéficiaires d’une bourse Erasmus. De quoi lever les freins culturels pesant sur cette voie de formation ? À suivre…

(1) La réforme de l’apprentissage est un des volets de la réforme de la formation professionnelle. Voir dossier page 45.

Auteur

  • Laurence Estival