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Des syndicats au secours du statut

À la une | publié le : 07.03.2018 | Irène Lopez

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Des syndicats au secours du statut

Crédit photo Irène Lopez

La fusion, au 1er janvier 2019, de l’Agirc et de l’Arrco entraîne, de facto, la disparition du régime de retraite complémentaire spécifique auquel les cadres cotisent. Un des rares critères de différenciation par rapport aux autres salariés. Quid des rémunérations et autres critères ?

« Mais non, ce n’est pas la fin des cadres. » Pour Michel Chassang, président de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL), le statut cadre ne se limite pas au régime de retraite. « D’autres éléments rentrent en ligne de compte comme le contrat de travail, la rémunération, le forfait annuel. Ce n’est pas parce que l’Agirc fusionne avec l’Arrco que le salaire des cadres va s’aligner sur les autres ! » Les classifications des postes et les grilles des conventions collectives ne vont pas changer du jour au lendemain. En tant qu’organisation patronale, le président de l’UNAPL n’est pas inquiet. Les entreprises ont de plus en plus besoin de cadres car il faudra encadrer de plus en plus. Avec une objection de taille : un tiers des cadres n’exerce pas de responsabilité hiérarchique et n’anime pas d’équipe, ni de manière permanente ni même dans le cadre de projets limités dans le temps, selon l’enquête Situation professionnelle et rémunération des cadres réalisée par l’Apec.

Des critères objectifs.

Pour la CFE CGC, la confédération de l’encadrement, la fusion Agirc-Arrco est l’occasion de remettre à plat un statut mal défini. « Aujourd’hui, les cadres sont mécontents, souligne Pierre Lavagna, secrétaire national en charge des retraites pour la CFE CGC. Ils perçoivent davantage de servitude que de bénéfices. Ils sont dérangés en permanence, ils reçoivent des injonctions paradoxales, leur temps personnel se réduit au détriment du temps professionnel. Or, cette population est indispensable. Il faut réagir et défendre un statut d’encadrement, tout en remettant de l’humain dans l’organisation. »

Plus concrètement, le syndicat souhaite définir des critères objectifs au niveau interprofessionnel pour décrire un personnel d’encadrement. Mais il précise : « Il ne faut pas laisser le pouvoir aux branches professionnelles. Elles auront une certaine latitude mais nous devons réfléchir à une base commune. Et si certaines ne veulent pas négocier, il faudra que cet accord soit supplétif par rapport à des branches qui ne feraient rien. Il y en a, en effet, qui ne sont pas très actives sur ce sujet ni sur d’autres thèmes non plus ». Pierre Lavagna compte mettre en avant le critère d’autonomie. Dans le travail, elle est étroitement attachée au statut de cadre. La liberté d’organisation, la gestion individualisée du temps de travail, est une des caractéristiques du travail des cadres.

Redonner du sens.

À la différence des autres catégories socioprofessionnelles qu’ils encadrent parfois, leur travail se singularise majoritairement par l’absence de tâches prescrites. D’après le document Cadres et entreprises : regards croisés sur la transformation du rôle des cadres (Apec, Elabe, 2016), sept cadres sur dix affirment être tout à fait autonomes dans l’organisation et la réalisation de leur travail.

En prévision de la négociation interprofessionnelle sur le statut de l’encadrement qui a débuté le 21 décembre, la confédération de l’encadrement a eu le temps de fourbir ses arguments : « Nous connaissons bien le sujet et nous avons un dossier très solide. Si bras de fer il y a, ce ne sera pas une histoire de droite-gauche. Il y a une réelle logique à définir une certaine structure dans les entreprises. Les grandes entreprises savent bien distribuer des actions et des voitures de fonction. Elles peuvent bien définir des marqueurs de la position cadre. Je suis très confiant dans notre capacité à convaincre ».

Pour Éric Pérès, secrétaire général FO-Cadres, « les cadres ne sont pas morts ». « Nous étions opposés à la fusion de l’Agirc et de l’Arrco. Il nous reste maintenant à redonner du sens à ce statut sans référence à une caisse complémentaire de retraite ». Le syndicat des cadres Force Ouvrière met en avant la rémunération et la responsabilité, deux critères à revoir si l’on veut définir un statut cadre. « Concernant la rémunération, nous souhaitons instaurer un minima. Aujourd’hui, certains cadres sont payés au Smic ! » Enfin, la dernière revendication qu’Éric Pérès défendra repose sur la responsabilité. Le champ des obligations du cadre est large, touchant à la fois à la gestion de l’entreprise, à des manquements spécifiques, etc. « Les cadres ont de moins en moins de moyens pour mener à bien leurs missions. Sur un chantier, par exemple, ils sont responsables des salariés si une poutre leur tombe dessus. Nous souhaitons qu’ils soient protégés juridiquement par l’entreprise. Les cadres sont trop souvent confrontés à des risques de sanctions pénales » conclut le secrétaire général FO-Cadres.

La négociation qui vient juste de s’engager sauvera-t-elle le soldat cadre ?

Auteur

  • Irène Lopez