Jean-Louis Muller Directeur à la Cegos.
Les cadres se rendent compte aujourd'hui que le prix à payer pour tenir un poste de manager est élevé en termes de stress et de charge de travail, par rapport à un poste sans encadrement, souvent à peine moins rémunéré. Pour remédier à cette situation, les employeurs ont tout intérêt à mettre en place une véritable politique de rémunérations et d'avantages différentiels. Je connais une manager qui encadre une équipe de 42 personnes et qui gagne 6 000 francs net de plus que les cadres experts sous sa responsabilité. Pas de quoi la pousser au sacrifice. Cette prise de conscience est très tangible dans les grandes entreprises où, alors qu'on leur demande de fournir des résultats non seulement pour eux, mais pour l'ensemble de leur équipe, bon nombre de managers ne participent même pas aux décisions stratégiques. On les informe la veille d'un projet de fusion, quand ils ne l'apprennent pas dans la presse. Il est donc conseillé d'organiser des groupes de travail très en amont d'un changement, pour en exposer les motivations aux managers et leur demander leur avis.
Dominique Genelot Président du groupe Insep Consulting.
Effectivement, dans un contexte de mondialisation accrue qui modifie en permanence les enjeux et les structures, la gestion des équipes et des organisations devient de plus en plus complexe. On arrive de moins en moins à prévoir avec certitude des résultats. Et les directions générales sont tout particulièrement touchées par ce phénomène, car elles subissent en parallèle la pression des actionnaires, qui eux ne raisonnent qu'en termes financiers. Une action perd deux points et c'est le P-DG qui saute. En bout de chaîne, les managers opérationnels ne sont pas plus gâtés. On leur confie de nouveaux projets mais on oublie de leur préciser que le contexte a changé, que le concurrent d'hier est entre-temps devenu un allié, que la solution qu'ils ont commencé à mettre en place est finalement caduque. Il y a de véritables problèmes de communication. Les managers sont trop souvent laissés dans l'ignorance des contextes stratégiques.
