logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Dossier

Un marathon pour la RSE

Dossier | publié le : 04.01.2018 | Rouguyata Sall

Image

Un marathon pour la RSE

Crédit photo Rouguyata Sall

Pro Bono Lab est une association qui fait l’interface entre des entreprises actives dans leur démarche de responsabilité sociétale et des associations qui ont besoin de se développer. Reportage lors de la 3e édition du marathon inter-entreprises qui s’est déroulé les 15 et 16 novembre à La Défense.

Deux jours. Onze associations. 110 salariés mobilisés sur le quartier d’affaires de la Défense. Voici la recette du marathon de mécénat de compétences inter-entreprises de Pro Bono Lab, un « laboratoire d’innovation citoyenne » spécialisé en bénévolat et en mécénat de compétences. L’association Pro Bono (en latin « pour le bien public ») l’applique en mettant en œuvre différents formats d’engagement par le biais d’une coopération entre des entreprises et des associations. Organisé en partenariat avec Defacto, l’établissement public de gestion de La Défense, ce marathon inter-entreprises prend la forme d’une journée de travail pour chaque association.

Pour l’un des onze groupes, la journée commence à 8 h 30, au 17e étage de la Tour Vista, face aux quais de Seine, dans les bureaux d’Eurogroup Consulting. Dix salariés de la Défense se sont portés volontaires pour travailler avec Antoine de Tilly, directeur de la Maison de l’Amitié, un centre d’accueil de jour pour SDF, situé au cœur du quartier d’affaires. La journée de coworking démarre par un tour de table à l’initiative de Claire Laurenziani, responsable communication de Pro Bono Lab et animatrice de la session. Chacun se présente et révèle son talent caché. Pierre-Henri, qui travaille dans la finance et la gestion de risques, est « très sensible aux questions humaines et sociales ». Juliette, analyste informatique chez Dalkia, parle avec nostalgie de ses lointaines activités bénévoles. Aurélie, avant de rejoindre la Société Générale, a travaillé pendant cinq ans dans des ONG.

Antoine de Tilly dirige depuis le printemps la Maison de l’Amitié. Il souhaite développer les ressources de son association et étoffer son équipe de bénévoles, qui, chaque jour, offre un accompagnement social, accueille pour un café, une douche, la laverie ou encore des cours de français. « Il y a beaucoup de besoins, notamment pour les femmes, pour la bagagerie et pour la restauration », précise-t-il.

Relations avec Defacto, présence sur la toile, les questions fusent et apportent déjà des pistes de réflexion. « On sent qu’ils sont sortis de leur cadre habituel mais ils ont encore des réflexes très pros », estime Claire Laurenziani.

« N’oubliez pas qu’Antoine est seul »

L’équipe a quelques heures pour caractériser les cibles de communication, définir les argumentaires et rédiger une présentation de l’association. Partenaires financiers, bénévoles, pouvoirs publics, l’identification des cibles est assez rapide, laissant place à la définition des objectifs pour chacune. Certains détaillent les dispositifs de mécénat de compétences qui existent dans leurs entreprises, en précisant qu’un lien avec une fondation d’entreprise peut rallier de nouveaux bénévoles. Mais Antoine de Tilly n’a pas l’intention de faire de la gestion de bénévoles. Claire abonde en ce sens : « N’oubliez pas qu’Antoine est seul ». Eux sont dix, débordant d’idées. L’équipe décide d’un commun accord de chambouler le planning : 30 minutes pour la cible Defacto, puis la fin de matinée et l’après-midi pour les partenaires financiers et les bénévoles.

Travaux en sous-groupes

Un groupe sur les bénévoles planche sur l’argumentaire et les canaux de communication pour favoriser le développement de la Maison de l’Amitié. Antoine note les idées : page Facebook, formulaire en ligne pour éviter la saisie de la liste des bénévoles et même décoration des locaux avec un mur de visages et témoignages des personnes accueillies. Après déjeuner, les dix salariés se remettent au travail pour produire un plan d’actions concret. Le groupe sur les partenaires financiers définit les messages-clés, les réponses à apporter aux objections et proposent des outils pour renforcer la notoriété et développer les mécénats de compétences et en nature.

« On a fait un plan de travail, un rétro-planning. Ça correspond bien aux outils dont j’avais besoin, nous indique Antoine en fin de journée. Après, à moi de prendre tout ça et de le réajuster en fonction de mon quotidien. » A-t-il convaincu des bénévoles au cours de ce marathon ? « Je l’espère mais on ne sait jamais si c’est une impulsion du moment. L’avantage, c’est qu’on est tous sur le site de la Défense. » Pour Kurt, le mécénat de compétences est une première. Cet officier de marine belge en stage à l’École de Guerre, établissement de formation pour les officiers supérieurs, a répondu présent à l’invitation d’Eurogroup consulting, partenaire de son école. « Quand je vois les sans-abris dans les rues de Bruxelles et de Paris, je me dis qu’il faut faire quelque chose. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi la Maison de l’Amitié. Ça réchauffe le cœur de pouvoir apporter quelque chose à cette association. »

Un partenariat avec Defacto

Au cours de ces marathons, les barrières entre le monde de l’entreprise et le milieu associatif tombent. En amont, un long travail de préparation pour Defacto, qui a sélectionné des entreprises de La Défense, comme Allianz, ManpowerGroup, EDF, la Société Générale, entre autres. Idem côté Pro Bono Lab, qui a diagnostiqué les associations, sélectionnées dans celles qu’ils accompagnent et celles soumises par Defacto.

Parmi elles, le Chaînon Manquant, qui lutte contre le gaspillage alimentaire, en recherche de compétences pour concevoir le cahier des charges d’une application de gestion ; Les Potagers de Marcoussis, chantier d’insertion par le maraîchage biologique, venus pour un accompagnement à la gestion de projet ; ou encore Expressions de Femmes, pour une plaquette de présentation de ses actions pour promouvoir la femme dans toutes ses dimensions sociales, culturelles et professionnelles.

Objectif initial doublé

Le groupe de volontaires pour Expressions de Femmes est 100 % féminin. Après la présentation de l’association, place au classique brainstorming par post-it, chez Defacto, au 27e étage de la Tour Manhattan. Les échanges entre les neuf volontaires et Sylvie Turpault et Marie Fedon, toutes deux administratrices d’Expressions de Femmes, débouchent sur un constat : il ne faut non pas un mais trois modes de communication, pour s’adresser aux partenaires, aux adhérents et aux jeunes, dont les incontournables réseaux sociaux.

Les volontaires font découvrir à Marie et Sylvie d’autres outils de communication qu’elles utilisent en entreprise. Les deux bénévoles de l’association n’en reviennent pas quand elles découvrent en fin de journée les deux supports de communication réalisés, alors qu’un seul était à l’agenda. Plus que convaincue par les actions de l’association, Julie va jusqu’à proposer de revoir les administratrices plus tard, afin de leur créer un groupe privé sur Facebook pour les échanges entre bénévoles. Julie n’est pas communicante – Pro Bono Lab mélange experts et autres professions, pour offrir un regard extérieur plus large – mais responsable qualité sécurité environnement chez Dalkia. Pour son premier marathon, Julie a choisi Expressions de Femmes car elle était intriguée par les missions de l’association. Elle est, au final, agréablement surprise par cette expérience : « On tourne tout en positif et ça permet de foncer sur le projet. Produire quelque chose en une journée, c’est la première fois que ça m’arrive. »

Après cette journée de transfert de compétences, Corentin Roussel, animateur de la session et chargé de projets de Pro Bono Lab, accompagne le joyeux groupe de volontaires vers le cocktail de clôture. Certaines poursuivent les échanges avec les bénévoles de l’association. D’autres s’en vont retrouver leurs collègues qui ont participé à d’autres sessions. Quelques responsables des associations soutenues et des organisateurs prennent la parole. « Notre mission de rendre accessible la compétence à tous n’est pas de l’utopie. C’est possible », souligne Émilie Vuillequez, cofondatrice de Pro Bono Lab, satisfaite de ce marathon inter-entreprises. Un mode de développement plutôt original du monde associatif.

Auteur

  • Rouguyata Sall