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« Plus qu’un levier de motivation, le mécénat de compétence est un facteur d’appartenance »

Dossier | publié le : 04.01.2018 | Rouguyata Sall

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« Plus qu’un levier de motivation, le mécénat de compétence est un facteur d’appartenance »

Crédit photo Rouguyata Sall

April est un groupe international de services en assurances fondé en 1988 par Bruno Rousset. Philanthrope avéré, cet entrepreneur lance depuis 30 ans des dispositifs de financements et d’accompagnement pour favoriser l’accès à l’emploi et l’entreprenariat.

Qu’est-ce qui a motivé la création de ces fondations ?

Des grands sujets de société. Le premier, celui qui me préoccupe le plus, c’est l’emploi. Le taux de chômage est très élevé. Chez April, nous avons pris une initiative appelée Première Marche, qui vise à intégrer des jeunes ayant des difficultés à trouver du travail. On les forme à l’assurance, on les certifie et on les fait rentrer dans le groupe April. C’est principalement orienté vers l’accès à l’emploi. Et aussi pour encourager l’entreprenariat au niveau des chômeurs et des travailleurs pauvres.

Quelles sont les actions menées par la Fondation April fondée en 2008 ?

Elle a deux orientations très importantes. La première concerne la santé. Nous éditons régulièrement des ouvrages sur la santé, l’alimentation, le sport etc. Une autre action plus récente vise les aidants familiaux, ces personnes qui s’occupent de personnes âgées, de personnes malades ou handicapées. Ils ont besoin d’informations. Nous avons donc noué un partenariat avec Handicap International, qui a monté la plateforme Hizy que l’on a financée. Elle délivre des informations sur les droits des aidants familiaux et anime un forum d’échanges.

Le mécénat de compétences s’inscrit-il dans votre démarche RSE ?

Au sein d’April, l’ensemble des projets de mécénat proposés aux salariés du groupe, qu’ils soient portés par l’entreprise ou la fondation April, sont intégrés dans un dispositif commun : April Citizen. Presque 300 personnes se sont engagées sur Paris et Lyon depuis trois ans. Les projets existent sous plusieurs formules : bénévolat, mécénat de compétences ou encore don de RTT. L’entreprise offre avant tout par ce dispositif une facilité d’accès pour les salariés qui veulent donner du temps, mais ne savent pas où s’adresser, et surtout qui veulent vivre une expérience avec leurs collègues et leur entreprise.

Est-ce un levier de motivation des salariés ?

Plus qu’un levier de motivation, le mécénat de compétence est un facteur d’appartenance. Ce sont des moments de partage sur le lien de confiance entre l’entreprise et ses salariés. Par le prisme de l’utilité sociétale, on peut vivre des valeurs partagées. L’ouverture à d’autres univers, le changement de postures, l’humilité, sont des expériences riches de sens et d’enseignements.

C’est également un outil de cohésion : le socle même d’April Citizen est ouvert à tous les salariés, sans distinction de compétences ou de statuts, ce qui permet de promouvoir des actions collectives en mélangeant et décloisonnant nos services et niveaux hiérarchiques. Enfin sur certains projets, comme l’accompagnement de start-up, font appel à des compétences plus ciblées, business, marketing, financières, qui peuvent être challengées dans le contexte d’autres activités.

Le mécénat de compétences permet-il de renforcer l’ancrage territorial d’April, de rapprocher les entreprises et les associations présentes sur le territoire ?

À Lyon, un groupe de directeurs RSE se réunissent et partagent leurs expériences. C’est aussi un moyen de créer de l’attractivité pour les entreprises, parce que ça donne du sens, parce que les gens ont envie de consacrer une partie de leur temps à l’altérité, à l’altruisme. On commence par une initiative locale qu’on généralise ensuite au niveau national. Une initiative de la Fondation Entrepreneurs de la Cité sera probablement reprise par Evolem citoyen.

L’investissement croissant des entreprises dans le mécénat et les initiatives d’intérêt général est-il le signe d’un changement sociétal ?

Pas forcément d’un changement radical mais en tout cas d’une évolution du fonctionnement et de la relation de l’entreprise à son écosystème. Il s’agit non seulement de dialoguer avec la société civile mais aussi d’identifier les réalités auxquelles notre société est confrontée. Le mécénat relève d’une convergence d’intérêts. Il permet à l’entreprise de se connecter aux questions d’intérêt général, de communiquer ses valeurs et faire rayonner plus largement les actions qu’elles déploient en interne, comme les thématiques de l’insertion, l’accès à l’emploi, etc. Il permet également de mieux comprendre et d’intégrer les problématiques des publics les plus contraints, ou encore les enjeux de santé en lien avec nos métiers. Agir en proximité sur son territoire, contribuer à des actions concrètes en immersion avec différents publics, représentent véritablement un échange enrichissant pour l’ensemble des parties, et les entreprises investissent plus largement cette relation.

Evolem Citoyen accompagne les aventures entrepreneuriales

Créée en 2014, Evolem Citoyen est un laboratoire d’idées sur la formation et l’emploi des jeunes. « Evolem Citoyen s’inscrit dans le paysage RSE mis en place par Bruno Rousset, explique Ségolène de Montgolfier, chargée de mission. On va faire du mécénat financier mais aussi du mécénat de compétences. »

Evolem Citoyen est investi en mécénat financier et humain dans Perles, un parcours de retour au logement par l’emploi pour des personnes en centre d’hébergement. Ségolène de Montgolfier accompagne l’équipe Perles sur « l’amélioration du dispositif, sur la relecture des pratiques, sur les questionnements d’évaluation de mesure d’impact ». Elle intervient également auprès des bénéficiaires, notamment sur des simulations d’entretien.

Autre action forte, Evolem Citoyen a co-fondé en septembre 2017, l’Eden school, une école digitale et numérique pour les 14/18 ans, idée novatrice pour remettre dans le circuit les jeunes décrocheurs scolaires. « Ça fait plus de deux ans que je suis sur le projet plus de deux jours par semaine, et depuis l’ouverture de l’école, je continue à travailler sur le développement, le partenariat et l’essaimage. »

Ségolène de Montgolfier est dorénavant deux jours par mois en mécénat de compétences à l’Eden school, pour accompagner le directeur, en mobilisant son réseau d’entreprises, pour que des professionnels parrainent les jeunes, viennent travailler avec eux sur des projets réels et témoigner de leurs parcours. Elle intervient également auprès des futurs développeurs juniors, dans des ateliers sur la mobilité comme sur l’accès aux droits.

La Fondation Entrepreneurs de la Cité pour les entrepreneurs précaires

Depuis 2007, la Fondation Entrepreneurs de la Cité propose un dispositif de micro-assurance solidaire pour entrepreneurs en situation précaire. L’idée est venue d’un échange en 2005 entre Bruno Rousset et Maria Nowak, spécialiste du microcrédit. « Ils ont fait le constat que de nombreuses personnes qui créent leur propre emploi n’avaient accès au microcrédit, cessaient leur activité d’entrepreneur en raison de leurs moyens financiers limités qui ne leur permettaient pas de s’assurer », indique Hayat Boaira, déléguée générale de la Fondation Entrepreneurs de la Cité.

Bruno Rousset fédère alors le monde de l’assurance autour de lui et lance la fondation en partenariat public privé avec la Caisse des dépôts ainsi que le groupe April, Evolem et d’autres grands assureurs français. La fondation propose 5 solutions de micro-assurance. Et aussi des services gratuits de prévention des risques, comme Local Sécur’, en partenariat avec le groupe Polyexpert. La fondation identifie les bénéficiaires et le groupe Polyexpert met à disposition ses salariés en mécénat de compétences, pour un audit gratuit du local de l’entrepreneur, qui pourra s’en servir pour négocier son bail, des travaux ou même mieux, gérer son business plan.

Auteur

  • Rouguyata Sall