Le remboursement des dettes souveraines à des créanciers internationaux est-il toujours légitime ? Rien n’est moins sûr. Tel est le propos du livre d’Éric Toussaint, historien et docteur en sciences politiques. Dès le XIX^e siècle, explique-t-il, la dette a en effet été utilisée par les puissances impérialistes comme moyen de soumettre les pays du Sud, de l’Amérique latine à la Chine en passant par la Grèce, la Tunisie, l’Égypte ou encore l’Empire Ottoman. À l’origine, ces pays débiteurs contractaient des emprunts à des conditions très favorables pour les créanciers. Par la suite, ce sont les crises ayant éclaté au sein des pays capitalistes qui ont provoqué des défauts de paiement chez les pays du Sud. Certains en paient encore le prix. La situation de la Grèce aujourd’hui, souligne l’auteur, n’est en effet rien moins que la conséquence directe d’emprunts au coût exorbitant contractés en 1824 et 1825, suivis de la crise financière de 1890-1891. Pourtant, ce système n’a rien d’inéluctable, rappelle Éric Toussaint. Car malgré un rapport de force inégal, certains pays ont déjà réussi à répudier des dettes illégitimes, comme le Mexique en 1861 ou encore la Russie soviétique en 1918.

Éric Toussaint, Les liens qui libèrent, 336 pages, 19,50 euros.