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Édito

Tendre la main aux banlieues

Édito | publié le : 05.12.2017 | Jean-Paul Coulange

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Tendre la main aux banlieues

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Ce sont des statistiques qui donnent à réfléchir. Dans les quelque 1 300 quartiers dits prioritaires, le taux de chômage dépasse 26 % chez les 15-64 ans. Seize points de plus que dans les agglomérations alentour. Chez les moins de 30 ans, il frôle 36 % (+ dix points). Chez les titulaires d’un bac + 2 ou plus, il est de 16 % (encore dix points d’écart). Des chiffres qui ternissent le bilan de la politique de la ville menée dans l’Hexagone depuis une bonne trentaine d’années. Habitat, transports, emploi, éducation, sécurité, la tâche à accomplir reste immense pour résorber cette fracture économique, sociale, territoriale… et démocratique au regard du taux d’abstention, souvent supérieur à 60 %, constaté lors des dernières échéances présidentielle et législatives. On a beaucoup glosé sur le sentiment de rejet des habitants des zones rurales et des villes moyennes. Mais dans les quartiers périphériques des grandes métropoles, aux portes des lieux de pouvoir et de décision, ce ressentiment est au moins aussi fort.

En s’attaquant à l’une des racines du mal, l’inactivité, le sous-emploi, synonymes de pauvreté et d’exclusion, le président de la République vise juste. Mais en remettant au goût du jour le dispositif d’incitation à l’embauche mis en place par son prédécesseur, le chef de l’État sait pertinemment que ces 20 000 « emplois francs » ne changeront pas la face des choses. Suffira-t-il d’une prime de 5 000 euros par an pour qu’une entreprise recrute (en CDI), un candidat venu de Grigny ou de Vaux-en-Velin ? Faudra-t-il stigmatiser publiquement et pénaliser financièrement les employeurs qui feraient preuve de discrimination à l’embauche, comme s’y engage Emmanuel Macron ? Au name and shame, préférons le name and claim que préconise, par ailleurs, la secrétaire d’État Sophie Cluzel, pour diffuser les bonnes pratiques et améliorer le taux d’emploi des personnes atteintes d’un handicap. Depuis une dizaine d’années, une association comme Nos quartiers ont des Talents a permis à près de 40 000 jeunes diplômés de s’intégrer. En vingt-cinq ans d’existence, la Fondation Agir contre l’exclusion a tissé un réseau de plus de 5 000 entreprises militant contre l’exclusion, les discriminations et la pauvreté… La méthode de la carotte et du bâton a rarement fait la preuve de son efficacité. Alors que des pénuries de main-d’œuvre guettent de nombreux secteurs, pourquoi ne pas faire le pari de la responsabilité ?

Auteur

  • Jean-Paul Coulange