Ouvriers, agriculteurs, victimes de l’amiante ou des pesticides, leurs routes n’auraient pas dû se croiser. Mais ces travailleurs ont un point commun : celui d’être devenus des lanceurs d’alerte. Dans son documentaire, Pierre Pézerat donne la parole à ces « sentinelles », qui se sont engagées dans un combat contre des groupes industriels, dans une lutte pour faire reconnaître leurs maladies comme « professionnelles ». Le premier à donner le ton de ce film est un agriculteur charentais, Paul François, montant les marches du tribunal, où il s’apprête à affronter le géant Monsanto afin de lui faire reconnaître sa responsabilité dans son intoxication par le Lasso, un herbicide. Puis, le réalisateur suit d’autres hommes et femmes qui ont fait éclater, durant 40 ans, de grands scandales sanitaires. Josette Roudaire, ouvrière de l’usine d’amiante Amisol, à Clermont-Ferrand ou encore Jean-Marie Birdes, ouvrier de l’usine Eternit, dans le Tarn. Devant la caméra, les victimes de l’amiante révèlent tous les obstacles qu’ils ont dû surmonter pour parvenir à son interdiction en 1997. « Mon mari savait que c’était dangereux, mais il fallait manger », raconte Dhelia Cabrit, veuve de Raymond Cabrit, décédé d’un cancer de la plèvre après son départ de l’usine Eternit. « Il a travaillé jusqu’au dernier jour avec une bouteille à oxygène », confie-t-elle. Au travers des témoignages poignants, c’est un hommage d’un fils à son père qui transparaît. Celui de Pierre Pézerat à son père, Henri Pézerat, directeur de recherche au CNRS, qui a mis ses compétences au service des victimes, pour que ces crimes industriels ne restent pas impunis. C’est sur une victoire judiciaire que s’achève ce documentaire, celle de Paul François. Cette affaire, maintenant portée devant la Cour de Cassation, illustre parfaitement la victoire du pot de terre contre le pot de fer !

(1 h 31), film de Pierre Pézerat, sortie le 8 novembre