« Chasseauxdrh.com » : tel est le nom du site qui a appelé à manifester le 12 octobre dernier, au Pré Catelan, où avait lieu un congrès destiné aux professionnels des ressources humaines. À participer à une « chasse au DRH », comme on traquait le gibier, du temps de Philippe Auguste, dans ce bois de Boulogne qui jouxte la capitale. Ce jour-là, ils n’étaient qu’une centaine, dont des représentants d’Attac et de Solidaires. Mais quelques-uns d’entre eux s’en sont pris aux véhicules stationnés aux alentours. Bilan : des voitures incendiées, d’autres endommagées, une quarantaine d’interpellations, plusieurs gardes à vue…

Même si ces exactions sont le fait de jeunes activistes cagoulés qu’on voit de plus en plus souvent en marge des manifestations, le scénario donne le vertige. Pas à Annick Coupé, membre du bureau d’Attac, qui parle des DRH comme de gens vivant « dans un autre monde » : « Ils parlent entre eux et veulent continuer à casser les droits sociaux des salariés ». Car c’est bien entendu la réforme du Code du travail qui était ciblée par cette action visant, aussi, à empêcher Muriel Pénicaud, invitée aux débats, mais absente pour cause d’agenda, de venir s’exprimer.

Il y a deux ans, en octobre 2015, on s’en souvient, le DRH d’Air France avait été pris à partie, à la sortie d’un comité central d’entreprise, où était présenté un plan de restructuration de la compagnie aérienne. L’image de ce cadre dirigeant, la chemise déchirée, escaladant une grille pour échapper à la colère des manifestants avait fait le tour des chaînes d’info en continu. Deux ans après, force est de constater, à nouveau, que le métier de DRH n’est pas de tout repos. Citons encore Annick Coupé : « Les DRH nous disent qu’ils veulent du dialogue social avec les salariés. Mais ce que vivent les salariés, c’est plus de précarité, plus de stress.. ».

Le paradoxe de cette lamentable affaire est que les ordonnances, honnies des militants présents au Pré Catelan, renvoient la balle dans le camp des DRH pour trouver avec leurs interlocuteurs syndicaux les voies et moyens d’accords majoritaires. En 2016, 36 000 accords ont été signés dans les entreprises françaises. Aussi, quand les DRH sont pris pour cible de cette manière, c’est la démocratie sociale dans son ensemble qui est attaquée…