« Ce qui m’intéresse, ce n’est pas de faire de la politique, c’est de faire avancer les causes. » À 70 ans, Jean-Paul Delevoye a été nommé mi-septembre Haut-Commissaire à la Réforme des retraites. Pour un homme de réseaux, c’est l’aboutissement d’une longue carrière dans les arcanes de l’État. Ce gaulliste à la stature imposante possède un CV tout aussi impressionnant : ministre de la Fonction publique, de la Réforme de l’État et de l’Aménagement du territoire, Médiateur, président du Conseil économique, social et environnemental… En matière de retraites, il n’est pas un néophyte. C’est lui qui a conduit, avec succès, la réforme des retraites dans la fonction publique en 2003, dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, le poste ministériel le plus intense de sa longue carrière. Il repense souvent à « la souffrance » des centaines de salariés de Metaleurope apprenant que leur entreprise allait disparaître. « Ces hommes et ces femmes, les responsables syndicaux et les représentants de l’État qui sont intervenus à ce moment-là font partie de mon histoire personnelle ».

Adepte de la concertation, Jean-Paul Delevoye s’est glissé sans problème dans le costume de Médiateur de la République. Avant de rejoindre le Conseil économique et social auquel il a adjoint le qualificatif « environnemental ». Une institution qui a vécu une période mouvementée lors du vote de la loi Taubira lorsque 700 000 citoyens lui ont fait connaître leur opposition au mariage pour tous. Cet homme de consensus vante les vertus de la cohésion sociale sur son compte twitter. « La France non seulement se fragmente mais elle se déchire », écrivait-il en mai 2016 au moment des manifestations contre la loi travail.

Après la défaite d’Alain Juppé à la primaire de la droite, il rejoint le mouvement En Marche ! « Je voyais que Fillon et Hamon allaient cliver la France. Or il ne faut pas que l’intelligence soit enfermée dans un parti politique. » Le courant passe aussitôt avec le candidat Macron, « stable affectivement et riche intellectuellement ». Estime partagée : le candidat le charge de présider le comité d’investiture de son mouvement aux législatives. Son engagement est aujourd’hui récompensé. En lui confiant la mission de superviser la réforme des retraites, Emmanuel Macron remet entre ses mains un dossier considéré comme explosif en France. L’objectif du Haut-Commissaire est clair : « Qu’un euro cotisé pour la retraite donne à tous le même droit ». Mais pour l’atteindre, il a sa méthode : celle de laisser du temps pour s’accorder sur la définition du projet et construire la confiance entre les parties prenantes. Il veillera à canaliser les débats. « Une décision politique doit être préparée », dit-il. Refusant « d’opposer les jeunes et les vieux, les actifs et les inactifs », il tire son inspiration auprès de grandes figures comme le Pape François, Robert Badinter ou Simone Veil… L’avenir dira si « sa » réforme des retraites marquera ou pas l’histoire sociale.

1992/2002

Président de l’Association des Maires de France.

2002

Ministre de la Fonction publique, de la Réforme de l’État et de l’Aménagement du territoire.

2004/2011

Médiateur de la République.

2010/2015

Président du CESE.

2017

Président de la commission d’investiture d’En Marche.