« U n lien faible entre formation et emploi », c’est le constat de France stratégie dans son étude sur les recrutements du 24 août 2017. L’idée selon laquelle « si un certain nombre d’emplois restent vacants, c’est par manque de candidats possédant les compétences adéquates » n’est pas tout à fait exacte. Les secteurs en tension n’embauchent pas forcément des personnes formées ou diplômées, c’est le cas du BTP, où la flexibilité et la motivation sont davantage recherchées. Or, les offres non pourvues sont plus fréquentes dans la construction où 14,2 % des offres sont abandonnées, contre 8,5 % en moyenne. Les politiques publiques doivent donc sortir du « tout formation » et intégrer les spécificités des métiers et des secteurs d’activité, la manière dont ils sont « alimentés » en candidats et dont les employeurs cherchent à pourvoir leurs postes disponibles. Car les besoins des entreprises sont mal connus. Il existe encore trop peu d’outils pour les répertorier. D’après le Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications), elles sont moins de 15 % à pratiquer la gestion de compétences, c’est-à-dire les identifier, les évaluer et mettre en place des formations adaptées. Il s’agit souvent des grandes entreprises. Dans le secteur du bâtiment, « il peut être plus pertinent d’accompagner la structuration RH des entreprises du secteur et de les aider à mieux identifier le potentiel des candidats pour répondre à leurs besoins ». Il existe quelques initiatives en ce sens, au niveau des branches, qui peuvent par exemple cartographier les métiers et les compétences. Certaines collectivités locales ont mis en place des plateformes de ressources humaines, guichet unique pour les TPE/PME servant d’interface avec l’interlocuteur adéquat : Pôle emploi, OPCA, chambres consulaires, centres de formation, etc. Reste à encourager ces initiatives et à échanger les bonnes pratiques. Emmanuel Macron a promis une formation pour « un million de chômeurs de longue durée faiblement qualifiés ». Au regard des « liens complexes » entre emploi et formation, l’efficacité de cette mesure ne serait pas automatique.