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Édito

La responsabilité citoyenne des entreprises

Édito | publié le : 05.06.2017 | Éric Béal

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La responsabilité citoyenne des entreprises

Crédit photo Éric Béal

Il est de bon ton d’évoquer la responsabilité sociétale des entreprises. Notre enquête du mois dernier explorait le sujet et montrait que cette notion recouvre les pratiques les plus diverses. à l’inverse, la notion de « responsabilité citoyenne des entreprises » n’est pas encore passée dans le langage courant. Ni dans la pratique, à de rares exceptions près présentées dans ce numéro. Pour autant, eu égard aux inégalités flagrantes de la représentation des Français à l’Assemblée nationale, il serait temps que les entreprises soutiennent les vocations citoyennes de leurs salariés. Parmi les 577 députés de l’assemblée sortante, on retrouve 200 fonctionnaires, 78 professionnels libéraux… et moins de 20 salariés ou anciens salariés. Des proportions très éloignées de la réalité de la société civile française.

La campagne pour les élections législatives a vu un grand nombre de personnes sans mandat électif, se présenter aux suffrages de leurs concitoyens. 7 882 candidats s’affichent sur les panneaux électoraux de France, de Navarre et des consulats français à l’étranger. Seuls 4,5 % d’entre eux sont des députés sortants. Ce qui laisse augurer un certain renouvellement des profils pour la prochaine législature. Mais combien de futurs élus seront finalement issus des rangs du salariat ? Et parmi eux, combien seront des non cadres, une catégorie qui a totalement disparu de la représentation nationale ces dernières années. Difficile en effet de s’impliquer en politique quand on est sur une ligne de montage ou derrière un guichet.

Les citoyens ont-ils le droit de cité dans l’entreprise ? Un salarié peut-il s’engager en politique, se faire élire dans une collectivité locale, voire entrer à l’Assemblée nationale, tout en continuant de travailler, même à temps partiel ? Si toute activité professionnelle lui est impossible faute de temps, peut-il espérer retrouver un poste équivalent à la fin de son mandat ? Entre direction indifférente, collègues méfiants et responsable hiérarchique hostile, il n’est pas surprenant que si peu de salariés osent se lancer dans la politique.

En ces temps incertains où une proportion croissante de nos concitoyens boude les urnes, les directions d’entreprises et les DRH doivent prendre leur responsabilité. Notre démocratie ne sera revivifiée que dans la mesure où les citoyens auront le sentiment d’être vraiment représentés. à l’Assemblée nationale comme dans les différentes instances locales. Cela ne peut se réaliser sans un effort des entreprises pour faciliter et encourager leurs salariés à s’engager. à l’heure où le président de la République se lance dans des concertations avec les syndicats sur la refonte du droit du travail et notamment une extension de la primauté des accords d’entreprise sur les conventions de branche, voilà un sujet de négociation que les directions des « entreprises citoyennes » devraient s’empresser de mettre en avant.

Auteur

  • Éric Béal