En 2030, quatre grands types d’organisation du travail pourraient structurer l’économie, selon une étude de France Stratégie d’avril 2017. Elles s’appuient sur la flexibilité, à plus ou moins grande échelle.

La plus favorable aux salariés est « l’organisation apprenante », où ils sont formés en continu dans des secteurs en développement. Elle concerne déjà 30 % des salariés français et cette part est amenée à augmenter. Par exemple, les aides à domicile sont aujourd’hui souvent des « travailleurs faiblement diplômés et isolés socialement ». Demain, ils acquerront un rôle clé en informant les professionnels de santé de l’état de leurs patients, avec de nouvelles technologies.

Mais cette montée en gamme peut facilement se passer du salariat. Les entreprises feront de plus en plus appel à des sous-traitants et des collaborateurs externes sur des plateformes virtuelles. Netflix a mis en place un concours interdit à ses salariés. Un million de dollars récompensera celui qui trouvera l’algorithme capable d’améliorer de 10 % le système de recommandation de films pour ses clients.

Dans les secteurs moins créateurs de valeur, la mission « super-intérim » à la Uber dominera probablement une main-d’œuvre peu qualifiée qui rendra des services à la tâche sur demande de particuliers.

Dans la continuité de cette mise en relation, un « taylorisme new age » pourrait fleurir. Le travailleur à distance exécutera des tâches réduites à la demande des entreprises. C’est le modèle du site Mechanical Turk, créé par Amazon, où des « petites mains » se connectent pour « réaliser des microtâches que les logiciels les plus perfectionnés n’arrivent pas à effectuer ».

Ces quatre organisations « coexisteront probablement », faisant craindre un fossé plus important entre une élite bien rémunérée et un « technoprolétariat », qui ne concernera plus seulement les ouvriers ou les employés.