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Idées

Une identité nationale à réinterroger

Idées | Livres | publié le : 03.04.2017 | Nicolas Lagrange

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Une identité nationale à réinterroger

Crédit photo Nicolas Lagrange

Un moral en berne, mais des rêves de grandeur vivaces… Enquête sur un paradoxe bien français et sur ses racines.

Perte de confiance, autodénigrement, engouement pour les thèses déclinistes… les Français semblent de plus en plus tentés par le repli sur un passé glorieux. Conduisant certains hommes politiques à mettre en avant les racines chrétiennes de la France à des fins électoralistes, pour faire écho aux relations privilégiées avec l’Église catholique, relève la géographe Béatrice Giblin, même si notre pays est aujourd’hui « le seul État européen laïc et l’un des rares dans le monde ».

En réalité, le thème du déclin fait florès dès le XVIIIe siècle, explique l’auteure, dans une France dépassée par l’Angleterre, du fait des révolutions industrielle et agricole et d’une faible croissance démographique. En outre, la désertification rurale se produit plus tardivement qu’ailleurs, nourrissant parfois, aujourd’hui encore, le sentiment d’un abandon de certains territoires. De surcroît, l’échec à simplifier le mille-feuille territorial, à rebours des autres États européens, « alimente le discours pessimiste sur la France, […] trop archaïque pour s’adapter ». Alors que la spécificité française tiendrait plutôt à la faiblesse du budget des régions, même regroupées.

La propagation de thèses pseudoscientifiques sur le grand remplacement des Français par les étrangers joue aussi sur la peur d’une dilution de l’identité nationale, souligne la géographe. Pourtant, la proportion des étrangers reste stable en France et les taux de fécondité des différentes populations se rapprochent nettement. Au plan économique, l’atonie durable de la croissance française et, a contrario, la réussite allemande accentuent le sentiment de déclin. Même si l’exception culturelle française et l’indépendance militaire restent des motifs de fierté nationale.

« Pas si facile d’assumer “une grande histoire” parsemée d’épisodes douloureux », conclut Béatrice Giblin, néanmoins optimiste au regard de la réaction des Français après les attentats terroristes. « Le statut de “grande nation” est au moins aussi important que celui de “grande puissance”, assure l’auteure, à condition de dépasser les hantises, infondées, du déclin et de la perte d’identité ».

Le Paradoxe français. Entre fierté nationale et hantise du déclin, Béatrice Giblin. Éditions Armand Colin. 208 pages, 19 euros.

Auteur

  • Nicolas Lagrange