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Idées

Requiem pour Forbach

Idées | Culture | publié le : 03.04.2017 | A. E.

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Requiem pour Forbach

Crédit photo A. E.

Le réalisateur Régis Sauder filme sur un ton très personnel l’enlisement d’une ville minée par la désindustrialisation.

Documentariste, Régis Sauder a quitté Forbach dans sa jeunesse, emprunt d’un sentiment d’humiliation. Dans cette commune sinistrée de Moselle, collée à la frontière allemande, « la honte est comme une seconde peau », explique-t-il en ouverture de son film. Les habitants, affirme-t-il, grandissent avec le rêve de quitter la ville et sa « laideur ». Lui n’y a pas échappé, non sans culpabilité.

À son retour trente ans plus tard, Régis Sauber découvre pourtant une commune autrement plus fracturée que celle qu’il a quittée. Tous les maux de la France y semblent exacerbés. La fermeture des mines a laissé en souvenirs la silicose et des sous-sols transformés en gruyère, au point que les maisons menacent de s’effondrer. La fermeture des commerces a transformé le bourg en ville morte. L’appartenance ethnique et religieuse a remplacé l’identité ouvrière. Les gamins des HLM rappent le culte de la drogue et des armes. Le Front national empoche la mise avec des scores record aux élections locales… Contre toute attente, ses anciens copains de classe semblent nostalgiques du passé que le réalisateur a tant voulu fuir. Certes, à l’époque, les enfants ne mangeaient pas à leur faim, mais les cités ressemblaient encore à des villages. Et le paternalisme industriel gommait un peu les inégalités…

Sombre, Retour à Forbach l’est sans aucun doute. On suffoque parfois de l’absence d’espoir, accablés par le portrait sans pitié que le réalisateur dresse de sa ville d’origine. Mais l’humanité des personnages apporte de l’oxygène à ce film électrochoc. Les dernières images rappellent d’ailleurs l’approche de la présidentielle. Comme un ultime et puissant avertissement.

Retour à Forbach (1 h 18), documentaire de Régis Sauder. Sortie le 12 avril.

Auteur

  • A. E.