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Le VIE séduit les jeunes diplômés et les entreprises

Dossier | publié le : 03.04.2017 | G. G.

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Les 10 premiers secteurs de recrutement des VIE

Crédit photo G. G.

Le Volontariat international en entreprise (VIE) est un dispositif public qui met de jeunes salariés à disposition des entreprises souhaitant se développer hors de France. Le tout pour un coût modique. Il est très apprécié des diplômés qui se forgent ainsi leurs premières armes en entreprise.

Le service national en coopération a été supprimé en même temps que le service national obligatoire. Et il rendait trop de services aux entreprises pour ne pas être remplacé. « Le volontariat international en entreprise a été créé en l’an 2000, explique Michel Bauza, directeur du VIE. Le dispositif est géré et développé par Business France, l’agence française pour les investissements internationaux liée au ministère de l’Économie. Il permet à des jeunes Européens de 18 à 28 ans de partir de six à vingt-quatre mois en mission professionnelle à l’étranger pour une entreprise implantée en France. » Le VIE n’est pas exclusivement réservé aux jeunes Français. En 2016, 5 % des jeunes partis en mission de VIE pour 2 500 entreprises françaises étaient de nationalité étrangère. « En quinze ans, nous avons formé 65 000 jeunes, précise Michel Bauza. C’est tout bénéfice pour les entreprises qui peuvent tester des marchés et des talents. Les jeunes acquièrent, eux, une expérience à l’international. »

Plébiscité par les employeurs

C’est pour beaucoup l’un des grands succès des mesures favorisant l’emploi des jeunes. De fait, le nombre de VIE est passé de 4 500 en 2000 – des hommes à plus de 90 % – à 9 600 en 2016 dont 37 % de femmes. Cette année, Business France a comme ambition de porter ce nombre de VIE à 10 000 par an. C’est dire si le système est plébiscité tant par les employeurs que par les jeunes.

Du côté des entreprises, difficile de rencontrer un employeur qui se plaint. « Nous avons embauché un VIE pour développer le marché brésilien », s’enthousiasme Jérémy Vinant, président de la société Fraudbuster, une PME de 32 salariés spécialiste en détection de fraude pour les opérateurs en télécom. Créée en 2010, cette start-up permet de mettre un terme à des fraudes pouvant coûter jusqu’à 50 000 euros par jour. « L’Amérique du Sud était un marché exploratoire dans lequel nous ne voulions pas trop nous investir, reconnaît le chef d’entreprise. Nous avons recruté, en VIE, un jeune sortant de HEC. Nous avions aussi le choix d’embaucher un Centralien ou des diplômés de l’École normale supérieure, des jeunes motivés, avec l’envie de partir à l’étranger. Bref, l’idéal. Tout cela s’est fait de façon très simple. Business France s’occupe de tout. Sa CVthèque est de très haut niveau. Nous avons déboursé annuellement de l’ordre de 30 000 euros tout compris. Si nous avions dû embaucher quelqu’un de ce niveau et l’envoyer par nos propres moyens au Brésil, le coût estimé oscillerait entre 60 000 et 80 000 euros par an… »

Tester de futurs salariés

Les coûts des VIE varient ainsi selon les pays. C’est plus cher dans les pays lointains comme le Japon ou les zones moins balisées comme certains pays d’Asie ou d’Afrique. En Allemagne, pour Berlin, le coût annuel, à la charge de l’entreprise, fixé par Business France, est de 25 100 euros par an et par VIE. Ce coût comprend une indemnité forfaitaire d’entretien, des frais de gestion et de protection sociale, un forfait bagage et les titres de transport pour se rendre sur place et en revenir…(1) « Ces coûts sont peu élevés. Et c’est d’autant moins cher que beaucoup de régions proposent des aides pour financer des VIE », poursuit Antoine Vernholes, président du Club des volontaires internationaux pour entreprendre (CSN, VSN, VIE/A). Cette association représente 12 000 des 80 000 anciens volontaires en activité – chiffres de février 2017 avec pour objectif d’atteindre les 20 000 fin 2017.

Reste ensuite, pour l’entreprise, à utiliser pleinement les ressources de ces VIE. Pour cela, les employeurs devront bien former le jeune avant son départ. Ce dernier doit maîtriser les produits, les réseaux de sa société, le secteur. Il est important de ne pas envoyer un néophyte au bout du monde. Le VIE constitue une façon, pour l’employeur, de disposer d’un personnel jeune et motivé qu’il faut préserver. C’est aussi l’occasion pour l’entreprise de tester de futurs salariés. Cela a été le cas pour Thomas Cottin, diplômé en 2012 de Skema, une école de management situé à Sophia Antipolis. Il est parti en VIE à Singapour pour le courtier en assurance Henner. « Ma mission était d’innover et de lancer une nouvelle solution d’assurance pour les expatriés. J’ai conclu mon VIE en développant ce service pour les Singapouriens. » Comme 68 % des VIE interrogés en 2014 par CSA pour Business France, le jeune homme a été embauché (lui en contrat local) à l’issue de son volontariat par son entreprise de « stage ». « J’ai travaillé à Singapour encore deux ans et je viens d’être rappelé par le siège pour travailler en France, auprès de l’équipe de direction et de la directrice internationale, au développement de nos produits à l’étranger. » Le poste, à 29 ans, est prestigieux. Le salaire suit et le jeune a comme ambition de continuer à apprendre pour, un jour, repartir à l’étranger.

Un tremplin pour les jeunes

Avec un peu de méthode, les entreprises doivent aussi pouvoir conserver ces éléments de grande qualité. Pour cela, l’employeur devra offrir des missions intéressantes aux candidats. Pour les entreprises tentées par le stage photocopie, c’est une perte de temps et d’argent. Aussi, il est indispensable de peaufiner l’intégration du jeune. Celui-ci arrive dans une équipe locale, avec un contrat spécifique et souvent embauché par le siège. « Nous avons recruté trois VIE pour les envoyer à Sao Paolo, à Singapour et en Allemagne », rappelle Stéphanie De Luca, directrice administrative corporate du groupe A2iA. Cet éditeur de logiciels est le leader mondial de la reconnaissance de l’écriture manuscrite et imprimée, de l’extraction de contenu et de la classification intelligente de documents. « Ces VIE sont des soutiens efficaces pour le département sales & marketing. Par leur présence sur place à l’étranger, ils renforcent les relations clients et prospects. Les VIE ont la charge d’organiser les informations commerciales, de les analyser afin d’améliorer la productivité de la force de vente et son efficacité. En étant sur place, le VIE est un atout majeur. Il est la garantie d’une proximité immédiate avec nos clients existants et nos futurs prospects. Le VIE offre une nouvelle impulsion au département des ventes en développant les opportunités et en renforçant la présence d’A2iA à l’international. »

Le VIE est également un tremplin pour les jeunes. Ce système permet avant tout de disposer d’une première expérience. « C’était ma principale motivation pour signer ce type de contrat », précise Sarah, 23 ans, titulaire d’un master 2 en communication et digital. La jeune femme est diplômée depuis janvier 2017 et a entamé un VIE à Bruxelles depuis le 1er février 2017. « Le statut me permet d’être payée de façon correcte (1 800 euros net par mois) et de disposer d’une expérience valorisée par mes futurs employeurs parce que ce dispositif est assez sélectif. J’acquiers aussi une expérience à l’étranger, ce qui est un plus. » Sans parler de la vie à Bruxelles, en plein cœur de l’Europe, dans un duplex de standing avec jardin dans un quartier chic de la ville. Pour 400 euros par mois. À Paris, la jeune femme aurait dû se contenter d’un 30 m2 pour plus du double. « J’entre dans le monde du travail en douceur. Je suis très suivie. On me perçoit comme quelqu’un en formation. Je travaille dans un environnement multiculturel. Ma supérieure est italienne, les réunions se font en anglais et l’environnement belge est francophone et néerlandophone… » Mieux qu’un séjour en Erasmus.

(1) Pour calculer à l’euro près le coût de revient d’un VIE sur le site de Business France : https://e-vie.businessfrance.fr/0/Devis/DevisPublic

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  • G. G.