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Jean-Luc Albert : Un fédérateur pour rassembler les chauffeurs Uber

Actu | Eux | publié le : 03.04.2017 | Frédéric Brillet

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Jean-Luc Albert : Un fédérateur pour rassembler les chauffeurs Uber

Crédit photo Frédéric Brillet

La négociation entre Uber, la plate-forme de réservation de voitures de tourisme avec chauffeurs (VTC) et les organisations de conducteurs s’est achevée sur un échec à la mi-mars… au grand dam de Jean-Luc Albert, président d’Actif-VTC, l’une des associations de défense des exploitants de VTC. « Nous sommes dans une situation de salariat déguisé, dénonce-t-il. Uber nous impose les tarifs et le modèle de véhicule. Lequel peut changer à tout moment. Il nous faut travailler seize heures par jour pour gagner le smic. Et en-dessous d’une note de 4,5 sur 5 nous sommes déconnectés du système. » Le président d’Actif-VTC critique aussi vertement que ses collègues la plate-forme américaine. Mais il sait faire preuve d’originalité pour communiquer vers le grand public. En témoigne la vidéo lancée en mars 2016 sur YouTube, finement intitulée Les chauffeurs ne comptent pas pour d’Uber, dans laquelle il se met lui-même en scène. L’opération visait un triple objectif : inciter les chauffeurs à rejoindre Actif-VTC, obtenir le soutien du grand public et lever des fonds pour financer le bras de fer. Un lien renvoyait à wejustice.com, un site de crowd-funding qui finance des actions en justice. Un an plus tard, la vidéo n’a été vue que 5 300 fois et n’a pas récolté plus de 300 euros. Mais Jean-Luc Albert n’en a cure, il a fait le buzz, les médias l’ont invité de nombreuses fois à donner son avis sur le conflit en cours et Actif-VTC s’est fait connaître dans ce petit milieu en ébullition. L’association compte aujourd’hui 280 adhérents et 712 sympathisants, un score honorable dans un secteur à fort turnover, composé d’indépendants aussi individualistes qu’éloignés de toute culture syndicale. Rien ne destinait pourtant cet homme de 58 ans, né au Bénin, à devenir l’un des porte-parole d’un nouveau métier qui attire surtout des jeunes sans diplômes. Jean-Luc Albert a en effet suivi des études de droit. Il a travaillé au pôle de développement économique d’Orléans avant de se reconvertir dans les VTC à la suite de problèmes familiaux. En 2014, il propose à la vingtaine de collègues qu’il retrouve régulièrement dans un bar d’Orly (Val-de-Marne) de s’organiser face aux taxis qui les accusent de concurrence déloyale. « Comme il avait fait des études, était bien organisé, diplomate et bon orateur il s’est imposé naturellement à la tête d’Actif-VTC », se souvient Félix Cao, le trésorier de l’association. Depuis, le combat a changé de nature. Les VTC cherchent moins à se défendre des taxis que des conditions imposées par les plates-formes. Ce changement suscite la division. Au désespoir de Jean-Luc Albert, partisan d’un front uni face à Uber. Sur ce point, il n’a pas réussi à être entendu. Après la fin de la médiation gouvernementale sur le dossier Uber, le SCP-VTC/Unsa et Capa-VTC sont sortis de l’intersyndicale, désormais composée de la CFDT, Actif-VTC et UDCF. Parmi les revendications de ces trois derniers, le retour à une commission de 20 % (au lieu de 25 %), un minimum de course à 8 euros (contre 6 euros aujourd’hui), un relèvement des prix au kilomètre et à la minute, ainsi que la rémunération du temps d’attente des clients. Mais Uber fait la sourde oreille. Faudra-t-il que le législateur intervienne ?

Jean-Luc Albert Président d’Actif-VTC et exploitant d’un véhicule.

1958

Naissance au Bénin.

2014

Commence à travailler avec Uber.

2015

Crée l’association Actif-VTC.

2017

Actif-VTC intègre l’intersyndicale qui négocie sur les tarifs avec Uber.

Auteur

  • Frédéric Brillet