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Édito

Revenu de base, place du travail et rôle des DRH

Édito | publié le : 06.03.2017 | Eric Béal

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Revenu de base, place du travail et rôle des DRH

Crédit photo Eric Béal

Revenu universel, revenu de base ou revenu d’existence, les expressions changent mais le principe reste le même. Il s’agit de « verser à chacun une allocation mensuelle individuelle d’un montant égal pour tous, sans condition de ressources ou de besoins et sans exigence de contrepartie », résument Guillaume Allègre et Henri Sterdyniak, dans une note de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) publiée en décembre 2016. Une idée révolutionnaire pour nos sociétés occidentales, qui ont institué le travail comme une valeur cardinale de notre système économique et social depuis l’avènement de la révolution industrielle.

Cette idée s’est imposée dans les débats des primaires de gauche comme de droite. Au cours de cette dernière, Nathalie Kosciusko-Morizet proposait une allocation de 470 euros financée par un impôt unique de 20 % appliqué dès le premier euro de revenu. À gauche, les candidats se sont durement affrontés sur la proposition de Benoît Hamon de tester le revenu de base, avant de l’étendre à tout le pays. L’occasion pour Manuel Valls de défendre une société du travail, « parce que le travail, c’est la dignité ». Cette entrée du revenu universel dans la campagne des présidentielles est sans doute la conséquence de la montée du chômage de masse depuis quarante ans et de la crainte qu’il ne persiste dans les quatre prochaines décennies, alors que des économistes annoncent la destruction massive des emplois dans un avenir proche, engendrée par les outils numériques et la robotisation.

Profitons alors de l’occasion pour réfléchir à la place du travail dans notre société. Dans ce numéro, la déléguée générale du Groupement des professions de service explique (page 58) qu’un revenu de base n’est pas nécessaire, car « il n’y a pas de raréfaction du travail aujourd’hui ». Elle appelle à baisser le coût du travail, augmenter sa durée ou déréguler davantage le marché pour créer des emplois. À ces recettes classiques Loïc Pajot, du Mouvement français pour un revenu de base, oppose sa vision d’un revenu universel émancipateur, permettant aux salariés fragiles d’échapper au chantage à l’emploi et aux « jobs à la con » décrits par l’anthropologue américain David Graeber.

On peut penser qu’un revenu de base inciterait aussi une partie non négligeable des salariés à quitter leur poste plus facilement pour en chercher un autre convenant mieux à leurs aspirations. Certes, cette « libéralisation » du marché du travail poserait des soucis aux entreprises les moins attentives au bien-être de leurs salariés. Mais elle aurait l’avantage de régler nombre de problèmes de stress et de mal-être au travail en incitant les salariés touchés à prendre la fuite. Ce qui revaloriserait considérablement le rôle des DRH, seuls à même de trouver les solutions pour éviter le départ d’une partie des troupes..

Auteur

  • Eric Béal