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Entretien avec Régis Lebrun, directeur général de Fleury Michon

Décodages | publié le : 06.03.2017 | Éric Béal

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Entretien avec Régis Lebrun, directeur général de Fleury Michon

Crédit photo Éric Béal

Fleury Michon était connu pour sa performance sociale. Est-ce toujours le cas en 2017 alors que la concurrence est féroce sur vos marchés ?

Nous attachons toujours beaucoup d’importance au dialogue social. Nous estimons que les salariés ne peuvent s’investir en temps, en amélioration de la productivité ou en qualité des produits s’ils ne sont pas suffisamment reconnus dans l’entreprise. Cela passe également par une rémunération correcte. En moyenne, les salaires chez Fleury Michon sont supérieurs de 30 % à ceux de la profession. Sur ce point, notre philosophie est simple. Lorsque l’entreprise va bien, on essaie d’accorder des augmentations au moins égales à l’inflation. Dans l’histoire récente, nous avons toujours fait plus, sauf en 2015, où l’inflation étant égale à zéro et le contexte économique difficile, nous n’avons pas accordé d’augmentations.

Pas facile à faire avaler aux employés. Vous avez connu des mouvements sociaux, l’an passé, en Vendée et dans votre nouvelle usine de Cambrai.

Certes. Il a fallu mettre cette décision en perspective, parler de l’évolution économique et de la nécessité d’assurer la pérennité de l’entreprise. Mais en 2016, nous avons accordé 1 %, soit le double de l’inflation. À Cambrai, les salaires sont moins élevés mais l’usine est récente et les équipes sont en phase d’apprentissage. Le contexte est différent de celui des usines de Vendée, où les salariés sont polyvalents et passent d’une activité à une autre pour suivre la saisonnalité de la demande. Nous nous sommes néanmoins engagés en comité de groupe à tendre vers des rémunérations identiques partout dans les années à venir. Mais l’organisation du travail sera forcément différente.

Comment maintenir l’engagement des salariés sans augmenter les salaires ?

Avec ou sans augmentation de salaire, il faut expliquer la stratégie de l’entreprise et multiplier les occasions d’échange. Notre projet d’entreprise est « d’aider les hommes à manger mieux chaque jour ». Il doit être traduit dans l’activité des salariés pour donner du sens à leur travail. Les vœux annuels sont l’occasion de fournir des explications. Mais ce n’est pas suffisant. Tous les niveaux d’encadrement sont invités à organiser une discussion stratégique mensuelle. C’est l’occasion de rencontrer des salariés, de savoir ce qu’ils ont compris et de satisfaire leur curiosité.

Pour quelles raisons êtes-vous revenus sur les 33,30 heures hebdomadaires ?

En 2008, nous sommes repassés aux 35 heures pour répondre à la demande de notre corps social. Un certain nombre d’anciens, qui s’étaient engagés dans le partage du travail, sont partis à la retraite. Les plus jeunes, recrutés dans les années 2000 lorsque nous avons créé une usine pour l’activité surimi et agrandi certains sites plus anciens, préfèrent gagner plus. Mais nous avons laissé le choix aux salariés de rester aux 33 h 30 ou de passer aux 35 heures avec 4,5 % d’augmentation de salaire. Seuls 45 % d’entre eux ont choisi de garder les 33,30 heures.

Cela ne complique-t-il pas la gestion des horaires de travail ?

Non, dans l’absolu, nous gérons un volume d’heures. Le temps de travail de chacun n’est pas un problème. Le planning est le même pour tous mais ceux qui sont à 33 h 30 ont des heures de récupération plus nombreuses. Sur l’année, la différence est de 10 à 12 jours.

En 2016, les syndicats ont évoqué la dégradation des conditions de travail liée à l’augmentation très importante des volumes de production. Que pouvez-vous répondre ?

Il est indéniable que l’augmentation de 7,1 % de notre activité en 2015 a pesé sur les conditions de travail des équipes. Mais nous investissons régulièrement pour améliorer l’ergonomie des postes sur les chaînes de production. D’abord parce que, pour féminiser nos équipes, nous avons investi dans des machines pour supprimer les mouvements de port de charge. Ensuite, parce que nous avons pris l’engagement d’accompagner les seniors pour qu’ils puissent partir à la retraite en bonne santé. Nos salariés seniors sont d’ailleurs en bien meilleure santé aujourd’hui qu’il y a vingt ans. C’est visible chaque année, au moment de la remise des médailles du travail.

Régis Lebrun 55 ans.

1984

Responsable achats produits frais, centrale d’achats nationale d’Intermarché.

1994

Directeur de la centrale d’achats nationale du groupement Système U.

1998

Directeur général adjoint des réseaux Halles aux chaussures de Vivarte.

2000

Directeur général de Fleury Michon Traiteur.

2006

Directeur général du groupe Fleury Michon.

Auteur

  • Éric Béal