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Vie des entreprises

Informatique : les écoles vont retrousser leurs manches

Vie des entreprises | JOURNAL DE LA FORMATION | publié le : 01.01.2001 | Valérie Lespez

Pour inventer les formations de la nouvelle économie, sept constructeurs informatiques font plancher des universités et des écoles d'ingénieurs européennes.

En 2002, 1,6 million d'emplois d'ingénieurs générés par la nouvelle économie pourraient rester vacants en Europe faute de combattants. La sonnette d'alarme est tirée par sept constructeurs informatiques, IBM Europe, Nokia Télécommunications, British Telecom, Microsoft Europe, Philips Semi-Conducteurs, Siemens AG et Thomson-CSF, réunis au sein du consortium ICT (pour Information and Communications Technology). « Trois raisons expliquent le fossé entre l'offre et la demande, précise Jacques Delplancq, l'un des initiateurs du projet chez IBM. Notre industrie n'est pas assez attractive. Le système éducatif ne “produit” pas assez de diplômés. Les études scientifiques sont boudées par les jeunes, notamment par les filles. »

La bérézina est évitable, selon les partenaires, si tout le monde y met du sien. Pour clarifier leurs besoins, ils ont défini les profils des ingénieurs « nouvelle génération » qu'ils attendent pour 13 métiers, dans trois secteurs (télécommunications, software et services, production et systèmes). Des recrues « créatives, passionnées par les nouvelles technologies, aimant les sciences et les maths, possédant des talents pour la communication et ayant l'esprit d'équipe ». Vitrine du consortium : un site Internet commun, career-space.com. Mais le projet des sept partenaires ne se résume pas à une opération de communication pour séduire les étudiants. Soutenus par la Commission européenne, ils veulent aussi alerter les gouvernements et les formations d'ingénieurs.

Inventer le cursus idéal

Universités et écoles européennes sont donc priées de retrousser leurs manches. Le consortium a initié un groupe de travail avec une vingtaine d'entre elles dont quatre françaises : l'Institut national polytechnique de Grenoble (INPG), l'Institut national des sciences appliquées (Insa) de Lyon, l'Institut supérieur d'électronique du Nord (Isen) et les Itii, les formations d'ingénieurs en alternance de l'UIMM. Lancé en septembre dernier, ce groupe de travail, mené par un dirigeant de Siemens, se réunira une fois par mois jusqu'en juin 2001. « Nous avons d'abord analysé les cursus existants dans les établissements, précise Maurice Pinkus, secrétaire adjoint de la conférence des Itii. Première difficulté pour nous, Français : rentrer dans le schéma 3/5/8 (1) défini par les ministres de l'Éducation des Quinze pour harmoniser les cursus en Europe et qui sert de cadre aux travaux. » Deuxième difficulté, commune à chacune des écoles impliquées : inventer un « cursus idéal » pour un métier ou un groupe de métiers définis par le consortium. « Nous ne sommes pas dans la même logique que les industriels, reconnaît Maurice Pinkus. Nos programmes préparent à des familles d'emplois, pas à un métier en particulier. » Bref, le chantier est vaste.

Seule certitude, après trois mois de travaux : les entreprises réclament des enseignements non techniques (communication, gestion de projets…). Les formations françaises d'ingénieurs commencent tout juste à les intégrer. Encore à dose homéopathique.

(1) Le système éducatif supérieur français répond au schéma 2/4/5/8, correspondant aux 1er cycle, 2e cycle, 3e cycle et doctorat. De plus, suivant les écoles, le diplôme d'ingénieur est délivré au bout de trois, quatre ou cinq ans d'études après le bac.

Auteur

  • Valérie Lespez

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