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La Nouvelle-Aquitaine cogite sur le revenu universel

Décodages | publié le : 01.02.2017 | C. A.

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La Nouvelle-Aquitaine cogite sur le revenu universel

Crédit photo C. A.

Il y a presque un an, la Région a lancé une réflexion collective sur le revenu de base. Un sujet d’une grande actualité.

Martine Alcorta est ravie. Déléguée à l’innovation sociale et sociétale au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, cette élue Europe Écologie-Les Verts (EELV) a fait du revenu universel son cheval de bataille… depuis avril 2016. À trois mois et quelques jours de l’élection présidentielle, l’intérêt du public et des médias à propos de ce dispositif lui donne le sourire et la renforce dans ses convictions. De fait, à gauche comme à droite, chacun défend aujourd’hui sa propre version de cette allocation de base, censée être versée à tous, sans conditions de ressources. Coïncidence, le gouvernement finlandais a débuté une expérimentation depuis le 1er janvier, 2 000 inscrits au chômage perçoivent 560 euros par mois, cumulable avec une activité professionnelle… Ceux qui n’y voyaient qu’un serpent de mer utopiste vont-ils devoir fourbir leurs arguments ? Nul doute que l’idée d’un revenu de base attire à nouveau, en ces temps de croissance faible et de chômage élevé.

En Nouvelle-Aquitaine, conformément au programme commun défini entre les Verts et le Parti socialiste lors du second tour des élections régionales de 2015, la Région a mis en route un comité de pilotage chargé de définir, d’ici à cet été, une expérimentation du revenu universel. « Notre idée, c’est de travailler avec les acteurs de la société civile sur ce sujet. Celui-ci ne doit pas être imposé d’en haut. Sinon, cela peut être contre-productif », estime Martine Alcorta.

Outil d’émancipation

Cette logique impose à l’élue « une démarche participative assez lourde ». Son comité de réflexion a vocation à être le plus large possible. Pour l’heure, Martine Alcorta a rassemblé autour de la table des représentants syndicaux, des acteurs du monde associatif, des universitaires ainsi que les missions locales. En septembre 2016, une première journée de débats a été organisée à l’hôtel de Région. Suivront, en mars, des ateliers sur la question du financement du revenu universel et, en juin, la définition des contours de l’expérimentation.

Les premières discussions révèlent déjà l’étendue des points à trancher. Le revenu universel doit-il permettre la simple insertion sociale ou le mieux-vivre ? Faudrait-il contrôler l’activité de ses bénéficiaires et, si oui, quel type d’activité faut-il considérer comme « utile » à la société ? Pour l’heure, quelques timides consensus ont émergé. « Le revenu universel apparaît pour beaucoup comme le véhicule d’une simplification administrative. Il s’agit même d’un outil d’émancipation face à ce qui peut être vécu comme une intrusion, constate la chef de projet Emmanuelle Vignaux. C’est aussi un pourvoyeur de dignité et de liberté individuelle. Il permet également de choisir ce que l’on fait de son temps », énumère-t-elle. Pour elle, le projet ne doit pas se réduire à la fusion des minimas sociaux, qui pourrait, en définitive, tourner au désavantage des publics les plus précaires…

Reste à convaincre les opposants de tous bords, notamment inquiets de son impact sur les finances publiques. « Le revenu de base ne doit ni être diabolisé ni être porté aux nues », tranche la mission d’information du Sénat, qui a rendu un rapport sur ce sujet en octobre 2016. Les sénateurs préconisent de « mener une expérimentation de plusieurs modalités d’un revenu de base ». Ils estiment qu’à ce jour aucun exemple à l’étranger n’en démontre la pertinence.

En Nouvelle-Aquitaine, un comité d’universitaires doit proposer différents types de tests et hypothèses valables sur le plan scientifique. Le Pôle emploi de la région aurait accepté de leur prêter main-forte. Martine Alcorta espère voir son projet financé par l’État via une loi d’expérimentation, à l’instar de celle sur les territoires « zéro chômeur ». Plusieurs communes se sont déjà déclarées intéressées dont La Réole (Gironde). Sitôt la nouvelle diffusée dans la presse, le standard de la mairie aurait été assailli d’appels de personnes souhaitant s’installer dans cette petite ville de quelques milliers d’habitants…

Auteur

  • C. A.