La distinction entre industrie et service s’apparenterait à une vieille lune, selon l’étude « Dynamique des emplois exposés et abrités en France » du laboratoire d’idées La Fabrique de l’industrie. Aujourd’hui, ces deux secteurs se confondent car « un bien manufacturé incorpore une part croissante de services ». La division entre emplois exposés à la mondialisation (ingénieur en logiciels, ouvrier de l’automobile, viticulteur…) et emplois protégés (enseignant, boulanger, médecin…) rend mieux compte de la cohabitation entre deux économies : l’une en concurrence internationale avec des clients lointains, l’autre locale avec des clients proches.

L’emploi exposé est à la fois « minoritaire » – un quart des emplois – et en recul : « il est passé en France de 30 % à 26,8 % de l’emploi total entre 1999 et 2013. Le secteur abrité constitue le véritable moteur de l’emploi : il progresse de 2,37 millions d’unités entre 1999 et 2013, alors que le secteur exposé perd 204 000 emplois ». La France vit-elle une démondialisation ? « Le flux des échanges internationaux ne se réduit pas, mais les emplois exposés diminuent en raison de la hausse de la productivité liée à la robotisation », explique Philippe Frocrain, coauteur de l’étude. Ce phénomène concerne le monde entier. Mieux rémunéré, l’emploi exposé est aussi plus vulnérable aux délocalisations, malgré une dynamique dans les métiers intellectuels. Il se concentre dans les pôles urbains quand l’emploi abrité est plus diffus. Ce dernier dépend en partie des choix d’installation du secteur exposé : « 100 emplois exposés créés dans une zone d’emploi entraînent 64 emplois abrités supplémentaires dans cette même zone. » Les politiques n’ont pas intérêt à privilégier une catégorie sur l’autre.