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Idées

Où le travail n’est plus que souffrance

Idées | Culture | publié le : 05.12.2016 | A. F.

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Où le travail n’est plus que souffrance

Crédit photo A. F.

Avec Carole Matthieu, le portrait d’un médecin du travail qui vacille, Louis-Julien Petit dénonce un management destructeur.

Sa voix tressaute, entrecoupée de sanglots. Elle s’amenuise parfois tellement que le propos devient inaudible. Une salariée qui craque ? Pas n’importe laquelle : Isabelle Adjani est Carole Matthieu, médecin du travail d’un centre d’appels aux techniques managériales totalitaires. Une femme fragilisée par le trop-plein de souffrances qu’elle a recueillies auprès des téléconseillers, sans réussir à les soulager.

D’emblée, dès la première image du film de Louis-Julien Petit, on est plongé dans cette déchirure intime. Jamais la DRH (excellente Corinne Masiero) n’a répondu à ses alertes sur les effets délétères de l’écoute permanente des téléconseillers, des enquêtes de satisfaction clients qui placardisent subitement, des exigences extrêmes de productivité. Elle-même est soumise à une logique de rentabilité, interdite de consacrer plus de quinze minutes par salarié…

À travers le portrait de cette inspectrice du travail « burn outée », prisonnière d’un altruisme autodestructeur, jusqu’à devenir ange exterminateur, Louis-Julien Petit nous sert une immersion oppressante dans une entreprise en plein dérapage. Inspiré du roman de Marin Ledun les Visages écrasés (éd. Seuil, 2011), son deuxième long-métrage décrit parfaitement la mécanique ravageuse en cours. Mais à trop vouloir enfoncer le clou, par une mise en scène guindée, il nous éloigne d’une Carole Matthieu qu’Adjani abîme dans une interprétation parfois paroxystique.

Carole Matthieu (1 h 26), film de Louis-Julien Petit. Sortie le 7 décembre.

Auteur

  • A. F.