logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Idées

Miser sur le social pour la démocratie

Idées | Bloc-notes | publié le : 05.12.2016 | Carole Couvert

Image

Miser sur le social pour la démocratie

Crédit photo Carole Couvert

Ce qui vient de se passer en Grande-Bretagne avec le Brexit puis aux États-Unis avec l’élection à la présidence de Donald Trump doit nous interpeller. Et nous amener à nous poser les bonnes questions. Sur la place du débat démocratique, sur les courroies de transmission d’une parole productrice de sens.

À l’origine de cette interrogation, un fait concernant l’élection de Donald Trump : pour la première fois, un candidat républicain, qui plus est populiste, a remporté l’État du Michigan, ancienne terre industrielle historiquement captée par les démocrates. Cet État est surtout un ex-bastion syndical de la construction automobile, où les organisations de salariés étaient le porte-voix d’une parole progressiste et sociale.

Corps intermédiaires

La question se pose en France : à quoi ressemblerait notre pays avec des territoires sans corps intermédiaires ? Avec qui discuter en cas de difficulté ou de conflit ? Qui pour porter un discours dans l’intérêt des salariés et des plus fragiles ? Aujourd’hui, certains candidats à l’élection présidentielle prônent la suppression de la présence des seules listes syndicales au premier tour des élections professionnelles, d’autres la fin du paritarisme, notamment dans la gestion de l’assurance chômage, d’autres encore la fermeture d’une assemblée qui représente la société civile, et pourtant reconnue par la Constitution…

À chaque fois que cette forme de populisme a triomphé, cela n’a profité qu’aux extrêmes. Il faut en tirer les leçons pour redonner au contraire toutes ses lettres de noblesse au dialogue social en France et redorer le blason de l’engagement au service du collectif. Pour cela, une clarification du rôle confié aux organisations syndicales et patronales est nécessaire, que ce soit au niveau de l’entreprise, des branches professionnelles ou de l’interprofessionnel. Il ne s’agit pas de rejouer le Grand Soir, mais de mieux répondre aux attentes de la nouvelle génération et à l’accélération des mutations économiques. Cela implique de préciser les responsabilités de chacun et, par ricochet, les moyens humains et financiers mis à disposition pour remplir leurs missions. C’est à ces conditions qu’on en finira avec les chambres d’enregistrement.

Pour intéresser l’ensemble des salariés au dialogue social, il faut aussi redonner un nouveau poids à l’adhésion syndicale. Aujourd’hui, une partie du désintérêt vient du fait que tous les salariés, contractuels ou fonctionnaires, syndiqués comme non syndiqués, bénéficient sans distinction des avancées de la négociation collective. Si seuls les adhérents à un syndicat en tiraient avantage, à l’image de ce qui se fait dans les pays scandinaves, le taux de syndicalisation en France serait bien plus élevé.

L’entreprise aussi

Il est tout aussi nécessaire, afin d’attirer les jeunes et les talents, d’instaurer enfin une véritable reconnaissance individuelle des parcours des militants, en prenant en compte dans l’évolution professionnelle toutes les qualifications et compétences acquises pendant leur mandat.

Atténuer l’exaspération et le rejet, c’est également revisiter nos modèles d’entreprise pour aller vers une gouvernance plus humaine, la mise en place ou le renforcement du management par la bienveillance et une valorisation du capital humain que représentent les femmes et les hommes dans les entreprises et les administrations. Mettre en place des modèles conciliant mieux performances sociales et performances économiques est un autre gage d’une lutte efficace contre le populisme !

Auteur

  • Carole Couvert