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Édito

La cohésion sociale, échec du président

Édito | publié le : 05.12.2016 |

Nous y sommes. Le président Hollande s’était donné jusqu’à la fin de l’année pour inverser la courbe du chômage, qui continue de jouer les yo-yo. Il en a même fait une condition sine qua non de sa candidature. Nul doute que lui et ses apôtres trouveront le moyen de tordre les chiffres pour voir une éclaircie. La statistique officielle sur le chômage a cela de pratique qu’elle peut donner lieu à quantité d’interprétations. Quitte à contraindre chacun – médias, opposition, opinion publique – à se lancer dans une fastidieuse opération de fact checking.

Commençons par ce que nous dit l’Insee

Le taux de chômage au sens du BIT s’établissait à 9,2 % de la population active à l’arrivée de François Hollande à la tête du pays. À la fin du troisième trimestre 2016, l’institution l’estimait à 10 %. Une claque pour le président. Mais surtout pour les 200 000 demandeurs d’emploi venus s’ajouter aux quelque 3 millions déjà inscrits à Pôle emploi. Parmi eux, 1,2 million qui pointent depuis plus d’un an. Des invisibles souvent sans autre horizon que la précarité et les minima sociaux.

Certes, mais la hausse a été stoppée, rétorqueront les soutiens du locataire de l’Élysée. Les créations d’emplois sont de retour, plus de 50 000 depuis le début de l’année. Et les jeunes, priorité du quinquennat, un peu moins exclus du marché du travail. À condition d’accepter contrats courts et petits boulots. L’insertion durable demeure un mirage.

Au-delà des mesures mises en place – CICE, pacte de responsabilité, plan 500 000 formations pour les demandeurs d’emploi, emplois d’avenir… –, et qui peuvent être critiquées ou louées indéfiniment, le président a surtout failli sur un point : restaurer la confiance, consolider la cohésion sociale. Parlait-on de « pauvrophobie » en 2012, comme le dénonce aujourd’hui l’association ATD Quart Monde ? Qualifiait-on autant les « sans-emploi » d’assistés au point de vouloir rogner leurs indemnités ? Suspectait-on à ce point les plus précaires d’attendre de toucher leur maigre chèque plutôt que de chercher du travail ? La défiance s’est banalisée.

Notre pays est profondément divisé, écartelé, à vif

Il devient urgent de sortir de cette ornière, où les jeunes sont vus comme une charge et les seniors comme des incapables. François Hollande a échoué à inverser cette courbe-là, celle du repli et du chacun pour soi. Il est temps d’offrir un horizon à cette jeunesse qui déborde d’énergie, à ces travailleurs les plus âgés qui ne demandent qu’à contribuer à la société. Il ne s’agit pas là de mesures techniques, mais d’un état d’esprit à insuffler. Et dont manque ce pays, dont une partie continue de regarder d’un mauvais œil celle ou celui qui ne rentre pas dans les clous. Retrouver cette cohésion sociale sera le véritable enjeu de la séquence – ô combien tendue ! – qui s’ouvre en 2017.