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Idées

Refaire société par un nouveau récit national

Idées | Livres | publié le : 04.11.2016 | A. F.

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Refaire société par un nouveau récit national

Crédit photo A. F.

Pour le sociologue François Dubet, c’est aujourd’hui le seul moyen de lutter contre le vertige identitaire, suscité par la crise et la montée des revendications des minorités.

Reconstruire un « cadre commun civique et social ». Bâtir un imaginaire partagé. Écrire « un autre récit national », dans lequel chacun des 66 millions de Français se retrouverait, quelle que soit son origine… Voilà, pour le sociologue François Dubet, la seule manière de refaire société face au vertige identitaire qui a saisi la France en raison, entre autres, du poison des discriminations.

Une voie « trop timide et trop modérée » ? Peut-être, reconnaît l’enseignant bordelais, professeur honoraire des universités, qui a choisi de ne pas évoquer les questions d’immigration. Mais il n’y a pas d’autre issue, selon lui. Dans Ce qui nous unit, il revient sur les tentatives ratées d’installer dans l’Hexagone une politique de discrimination positive. Trop d’obstacles se sont dressés. D’abord, le goût prononcé pour l’égalitarisme et pour le fameux modèle républicain d’« indifférences aux différences ». S’y est ajoutée cette lecture uniquement sociale des inégalités. Et, enfin, le poids de l’histoire coloniale.

« La France, note-t-il, n’a jamais réussi à fonder la philosophie politique justifiant une discrimination positive hardie et efficace. » Pas plus qu’elle n’est parvenue à s’entendre sur des quotas ou des publics ciblés. Conséquence, elle y est allée avec « des politiques sociales visant des publics discriminés, sans être des politiques antidiscriminatoires ». De surcroît par minitouches, seulement dans le domaine de l’éducation. Pour François Dubet, mieux vaut donc « renoncer à cette notion » pour sortir vite des malentendus.

Nous sommes à un point de bascule, rappelle le sociologue dans cette analyse globale, très documentée. Car le vertige identitaire s’est emparé de l’espace politique, en raison de la crise, mais surtout des réactions violentes à la montée des revendications identitaires. « Pour la majorité, reconnaître une identité minoritaire comme également digne, c’est toujours mettre en cause sa propre identité », note François Dubet. Et l’auteur de rappeler combien cette situation est dangereuse, encore plus quand les institutions sont déjà très contestées.

Ce qui nous unit, François Dubet. Éditions Seuil. 119 pages, 11,80 euros.

Auteur

  • A. F.