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Édito

Des relents des années 30

Édito | publié le : 04.11.2016 | Stéphane Béchaux

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Des relents des années 30

Crédit photo Stéphane Béchaux

On ne sait pas très bien dans quoi la France s’enfonce. Mais elle s’enfonce. Quand on la croit au fond du trou, elle a ce génie de creuser encore. Derniers fossoyeurs à prendre la pioche, les policiers. Les voici donc, cagoulés et masqués, qui défilent à leur tour dans les villes de l’Hexagone. De nuit, et en toute illégalité. Qu’ils réclament de meilleures conditions de travail n’a en soi rien de scandaleux : personne ne doute une seconde de la pénibilité de leur métier, de sa dangerosité aussi. En revanche, qu’on les laisse se mêler de la politique pénale de l’Hexagone n’est pas admissible. Non, les policiers – qui, faut-il le rappeler, votent Front national à plus de 50 % – ne sont pas chargés de rendre justice ; non, les juges n’ont pas à leur rendre compte des peines qu’ils infligent.

On aurait aimé que nos dirigeants,

ceux qui nous gouvernent et ceux qui y aspirent, rappellent avec force ces principes, qui ne souffrent aucune exception dans un État de droit. Eh bien non ! Dans un bel unanimisme, gauche et droite font preuve d’une incroyable mansuétude à l’égard des forces de l’ordre, leur trouvant mille excuses pour justifier qu’elles défient une autorité qu’elles sont censées incarner. Sur un sujet aussi grave, un tel manque de courage fait peur. Il démontre la faiblesse de l’État et de ses représentants, obligés de composer sur des valeurs essentielles.

Autre signe d’un Hexagone qui s’enfonce,

l’attitude d’un grand nombre de Français à l’égard des migrants. Depuis des semaines, pas une structure d’accueil n’ouvre sans que se mobilisent, plus ou moins spontanément, des armées de citoyens qui refusent de voir débarquer des étrangers sur leurs terres. Aider des femmes et des enfants ? À la rigueur, s’ils sont chrétiens et polis… Des hommes ? En aucun cas, il y a des écoles dans les environs ! Ce refus de l’autre, symptomatique d’un pays en pleine décrépitude, débouche aujourd’hui sur des comportements écœurants. Combien de foyers incendiés ou saccagés pour empêcher que des migrants y logent ? Là aussi, on aimerait que les élus de tous bords, ceux-là même qui vantent à longueur de discours la grandeur de la France, condamnent ces faits sans réserve. Et fassent preuve d’un peu d’humanité. On en est loin.

On se doutait qu’il y aurait un avant et un après 13 novembre.

On espérait un sursaut, la réaffirmation d’une volonté farouche de préserver les valeurs de la République. Hélas ! à l’heure ou se profile le premier anniversaire des tueries parisiennes, on observe l’exact contraire. D’un côté, des policiers excédés qui défilent en meutes, de l’autre, des citoyens lambda tentés par la chasse à l’homme… La France d’aujourd’hui exhale des relents des années 30. Alors même qu’elle n’en a sans doute pas fini avec la folie djihadiste…

Auteur

  • Stéphane Béchaux