En voilà un qui a du flair. Lancé dès la fin août dans la campagne pour l’Élysée, Arnaud Montebourg a réussi à prendre une place centrale sur l’échiquier politique de la gauche. Ni trop révolutionnaire, tel Jean-Luc Mélenchon, ni trop libéral, à l’instar de Manuel Valls ou d’Emmanuel Macron, l’ancien avocat peut rêver d’un destin présidentiel. Aux yeux de l’opinion publique, il a en effet réussi le tour de force d’apparaître comme un homme presque neuf, non comptable du piètre bilan économique et social de François Hollande. Alors même qu’il en a été l’un des principaux ministres jusqu’en août 2014, où il perd son maroquin à l’Économie, au Redressement productif et au Numérique.
Candidat à la primaire de la gauche prévue les 22 et 29 janvier 2017, l’ancien député socialiste de Saône-et-Loire parcourt pour l’instant l’Hexagone, de Toulouse à Pont-à-Mousson, de Saint-Ouen à Besançon. Histoire de faire connaître et d’enrichir son Projet France, qui sera longuement débattu le 5 novembre à Paris lors d’états généraux. Si Arnaud Montebourg assure vouloir d’abord consulter le peuple, il s’entoure aussi d’experts. Aux premiers rangs desquels deux économistes de l’OFCE, Xavier Ragot et Mathieu Plane, qui ont tous deux fait partie des conseillers de son cabinet lorsqu’il officiait à Bercy.
Au cœur de son programme, le « made in France », érigé en « grande cause nationale », dont les PME seraient les « héroïnes ». À ces dernières, l’ex-ministre veut réserver 80 % des marchés publics et faciliter les financements, en obligeant les acteurs de l’assurance vie à y investir de 10 à 20 % des sommes collectées. Apôtre d’une « réinvention » du modèle social, il veut tout à la fois « renégocier la loi travail » et revoir entièrement le pilotage des fonds de la formation professionnelle. Partisan de la « fin de l’austérité », il entend enfin baisser les impôts sur les revenus du travail des classes moyennes et bâtir une « nouvelle Europe », débouchant sur un « nouveau traité de Rome ».
Pour l’instant, aucun syndicaliste n’a fait connaître son soutien à l’enfant terrible du Parti socialiste. Mais ses propositions suscitent de l’intérêt côté CGT et FO. À la CFDT, en revanche, l’homme n’inspire ni sympathie ni confiance. « Son patriotisme économique ne nous convainc pas. Pas plus que sa vision de la République, qui ne laisse guère de place aux partenaires sociaux », explique-t-on dans l’entourage de Laurent Berger. Élu secrétaire général de la CFDT en novembre 2012, en plein dénouement du feuilleton Florange, celui-ci avait d’ailleurs immédiatement fait connaître ses doutes quant à l’efficacité d’une éventuelle nationalisation des hauts-fourneaux lorrains d’ArcelorMittal.
Dans l’équipe d’Arnaud Montebourg, on assure pourtant qu’il sait l’importance du rôle des syndicats. « Dans toutes les restructurations qu’il a eu à gérer au ministère, il a toujours pris soin d’associer très étroitement les représentants des salariés. Et pas seulement les patrons », rappelle Christophe Lantoine, qui fut son chef de cabinet à Bercy. Prêt à cogner fort contre François Hollande et son Premier ministre, le candidat Montebourg n’entend de toute façon pas être prisonnier de quiconque. Sous-estimé par les sondeurs lors de la primaire de 2011 (il avait fini troisième, loin devant Manuel Valls), il entend bien créer à nouveau la surprise. Et l’emporter cette fois-ci.
Candidat à la primaire de gauche.
1997-2012
Député socialiste de Saône-et-Loire.
2008-2012
Président du conseil général de Saône-et-Loire.
2012-2014
Ministre du Redressement productif puis de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique.