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Édito

La campagne du grand n’importe quoi

Édito | publié le : 04.10.2016 | Stéphane Béchaux

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La campagne du grand n’importe quoi

Crédit photo Stéphane Béchaux

Et dire que nous sommes encore à plus de six mois du premier tour de l’élection présidentielle… Et nous voilà déjà lassés. Fatigués. Écœurés, même, par cette campagne qui part sur de si mauvaises bases. Au moment où la France est en plein doute, secouée par une crise économique, sociale et sécuritaire sans précédent, on aimerait que ceux qui aspirent à diriger le pays – et Dieu sait s’ils sont nombreux à prétendre en avoir l’étoffe ! – fassent preuve de hauteur de vue. Qu’ils indiquent un cap, une stratégie, des valeurs, une méthode, un projet. Et non qu’ils se déguisent en Trump en costume gaulois.

Pour l’instant, le spectacle se joue à droite, primaire oblige. Et ils nous gâtent, nos candidats ! Au concours de l’idée imbécile, de la promesse démagogique, de la petite phrase nauséabonde, ils en tiennent un rayon. Disons-le sans détour, Nicolas Sarkozy et son clan portent une très lourde responsabilité dans la médiocrité des débats. Franchement, on est en droit d’attendre d’un ancien président, aussi avide de pouvoir soit-il, qu’il se comporte en homme d’État. Même en campagne électorale. Quand sortira-t-on de ces débats putrides sur l’identité française, la laïcité, les étrangers ? Quand parlera-t-on enfin des réformes dont l’Hexagone a besoin ?

Car les chantiers ne manquent pas. La fiscalité ? Sa refonte est sans cesse annoncée, jamais engagée. Les universités ? Elles sont chancelantes, autonomie ou pas. Le projet européen ? Il est à l’arrêt. L’insertion professionnelle des jeunes ? Un désastre qui mine toute la société française. Le marché du travail ? Il manque encore et toujours de fluidité. La fonction publique ? Son statut s’avère dépassé. La protection sociale ? Son financement doit être revu de fond en comble. L’écologie ? N’en parlons même pas !

Autant de sujets majeurs passés sous silence. Ou évoqués par bribes, de façon caricaturale, en usant de recettes éculées. Faire croire – merci François Fillon – qu’on peut réduire à 200 pages le Code du travail relève du mirage. La vie des affaires n’en serait d’ailleurs aucunement simplifiée. Privatiser l’accompagnement des chômeurs, comme le propose Bruno Le Maire, n’accélérerait pas leur retour à l’emploi : toutes les études disent le contraire. Rétablir, avec Alain Juppé, la durée légale du travail à 39 heures hebdomadaires constituerait un cauchemar pour les DRH.

Il n’y a pas qu’en France que la campagne électorale vire à la farce. Les États-Unis de Donald Trump peuvent le confirmer, tout comme le Royaume-Uni de Boris Johnson. Peut-on néanmoins espérer que la fin de la primaire de droite, le 27 novembre, ouvre une ère de débats plus consistants ? Hélas ! non. Car il reviendra alors à la gauche de s’engager dans une lutte fratricide. Et de relancer la bataille du grand n’importe quoi.

Auteur

  • Stéphane Béchaux