Le soleil implacable dans un ciel azur, le rire des gamins qui ont transformé un parvis d’église en terrain de foot, l’œil malicieux du flic qui les tire des mains du curé fumasse… Les premières images de Simshar nous font vite oublier le plan inaugural. Cet hélicoptère qui scrute les flots à la recherche du chalutier naufragé accidentellement, un soir de juillet 2008. D’emblée, la menace pèse sur les pêcheurs de Malte, le plus petit État de l’UE (316 kilomètres carrés). Mais nous n’en savons rien, happés par le récit de Rebecca Cremona qui croise, dans cette fiction coup-de-poing, deux histoires inspirées de faits réels. Avec dextérité. Chaque suspense nourrissant l’autre.

La réalisatrice ne raconte pas seulement les pêcheurs en lutte pour leur survie. Elle montre aussi le ras-le-bol de Malte. Depuis son adhésion à l’UE en 2004, l’archipel est aux avant-postes des arrivées de migrants, avec l’italienne Lampedusa. Cette même année 2008, un cargo ayant recueilli 140 Africains est resté immobilisé plusieurs jours en mer, aucun des deux pays ne voulant l’accueillir. Une mésaventure politico-diplomatique qui pervertit les traditions de sauvetage en mer. « Si on prenait tous ceux qu’on croise, on serait garde-côtes, pas pêcheur », résume un marin qui tourne le dos aux naufragés du Simshar, pensant n’abandonner « que » des migrants ! Trop peu d’Europe, c’est plus de morts. Rebecca Cremona le rappelle avec force dans ce premier film réussi qui évite le pathos.

Simshar (1 h 41), de Rebecca Cremona, avec Lotfi Abdelli. Sortie le 14 septembre.