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Édito

Faire barrage à la démagogie

Édito | publié le : 03.09.2016 | Stéphane Béchaux

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Faire barrage à la démagogie

Crédit photo Stéphane Béchaux

En cette rentrée, on aimerait se sentir plein d’allant, regonflé à bloc, convaincu que la France repart du bon pied, que la crise économique, sociale, politique, sécuritaire s’éloigne pour de bon. On aimerait mais on n’y arrive pas. Mais alors pas du tout. Pour dire vrai, on a le moral au fond des chaussettes. À Liaisons sociales magazine, nous avons toujours cru que le dialogue social, la concertation, l’échange étaient à la fois plus efficaces et plus respectueux des hommes que le bras de fer, les coups de menton, les décisions à l’emporte-pièce. Et nous avons toujours pensé que l’intelligence collective et le respect des différences devaient prévaloir sur l’exercice solitaire du pouvoir et le repli clanique.

Or la séquence qui s’ouvre nous inquiète. Sur le plan des chantiers sociaux, après les ravages de la loi El Khomri, il n’y a plus rien à attendre du quinquennat de François Hollande. D’ici à l’élection présidentielle, de quoi pourrait-on bien parler, et avec qui ? Tant pis si la France a besoin de réformes urgentes ! l’heure est à la démagogie, aux promesses intenables ou farfelues. À droite comme à gauche, le grand cirque a commencé. Stoppons l’immigration économique ! Nationalisons les banques ! Coupons les aides sociales aux femmes qui portent le niqab ! Réduisons drastiquement les impôts !

Comme aucun candidat « naturel » ne se dégage des deux grandes familles politiques dites républicaines, nul doute que la compétition pour la phrase choc, l’idée simpliste, la formule démago va faire rage. Et que les fonctionnaires, les chômeurs, les patrons, les allocataires des minima sociaux feront des cibles faciles. En la matière, on fait confiance aux populistes des deux bords pour saturer l’espace médiatique de leurs solutions miracles. Et à Marine Le Pen pour tirer les marrons du feu, en surfant sur la vague sécuritaire et identitaire.

Le tableau est déjà bien sombre ; il pourrait, hélas ! se noircir encore. Que se passera-t-il si, dans les prochaines semaines, de nouveaux meurtres de masse ensanglantent l’Hexagone ? On préfère ne pas y penser. Car on reste sans voix face aux discours imbéciles et haineux, aux polémiques grotesques, aux mesures vexatoires qui ont suivi le massacre de Nice. Après l’interdiction du burkini, que va-t-on encore inventer pour monter les Français les uns contre les autres ? On pressent que les débats sur la laïcité, les signes religieux, l’identité ne se cantonneront pas aux plages. Et qu’ils vont (ré)envahir très vite la sphère du travail, en charriant des propositions nauséabondes. On en appelle aux employeurs, aux salariés, aux hommes de loi. S’il vous plaît, ne compliquez pas encore l’intégration dans l’emploi de tous ceux qui sont discriminés du fait de leur religion, de leur lieu de résidence, de leur couleur de peau. Puissions-nous, collectivement, raison garder.

Auteur

  • Stéphane Béchaux