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Jobéo 22, accélérateur d’insertion

À la une | Les territoires, clé pour l’emploi | publié le : 03.09.2016 | Anne Fairise

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Jobéo 22, accélérateur d’insertion

Crédit photo Anne Fairise

Avec ses emplois réservés et son suivi individualisé, le dispositif breton dédié aux 26-30 ans peu qualifiés fait mouche.

Fini, la galère du démarchage dans les campings des Côtes-d’Armor. Lassée, à 27 ans, de ne pas vivre de son activité de soins esthétiques, Héloïse Besnard a remisé sa petite entreprise. « J’étais prête à tout pour un CDI », souffle la nouvelle conductrice de ligne chez Daunat, le numéro un du sandwich industriel, étonnée de la rapidité à laquelle sa reconversion s’est opérée. En douze semaines (dont sept de formation), elle a troqué les massages aux pierres chaudes pour l’usine agroalimentaire.

C’est l’effet Jobéo 22, du nom de l’expérimentation 100 % nord bretonne portée depuis mars 2015 par l’Union patronale interprofessionnelle d’Armor (Upia). Un accélérateur d’accès à l’emploi durable, né d’un constat. « Autour de la trentaine, beaucoup d’adultes peu qualifiés se retrouvent dans une impasse professionnelle, malgré leur potentiel. Parce qu’ils ont fait une erreur d’orientation ou se sont engagés dans une voie sans issue. Il faut leur donner une chance de se réorienter », martèle Jean-Yves Carillet, le patron de la caisse régionale costarmoricaine du Crédit agricole, à l’origine du dispositif.

Il n’a pas eu de mal à en convaincre l’Upia et ses 225 adhérents, des PME de moins de 50 salariés pour l’essentiel. En manque de bras sur certains métiers, tels la maintenance d’équipements industriels ou le téléconseil. Trente employeurs ont ainsi décidé, par charte, de confier à Jobéo 22 la primeur de leurs offres, surtout celles nécessitant une formation préalable. « Elles nous sont réservées pendant quinze jours puis partagées avec Pôle emploi », précise Gwenn Cambien, responsable de Jobéo 22. Qui prospecte aussi des entreprises, choisies pour « les postes à temps plein qu’elles proposent ». Le reste du dispositif repose sur une recette éprouvée : un suivi individualisé des chômeurs de 26-30 ans, ciblés de niveau bac ou bac + 1, pour construire, à partir des offres, des parcours vers la qualification et l’emploi. Pour cela, Jobéo 22 pioche dans la boîte à outils de Pôle emploi, utilisant mise en situation professionnelle, préparation opérationnelle à l’emploi, contrats pro…

De quoi donner le petit coup de pouce qui faisait défaut, au bon moment. « Ces jeunes sont très motivés pour trouver un emploi stable, quitte à se réorienter », observe Gwenn Cambien. Un marchepied parfois inattendu. « Je ne réalise pas ce qui m’arrive », sourit Flora Elegbeder, 29 ans, en CDD d’un an comme téléconseillère au Crédit agricole, bien que titulaire d’un bac et non d’un bac + 2 comme exigé. La banque a en effet levé l’obstacle, séduite par la motivation de cette « touche-à-tout » passée par un cabinet d’assurance et le monde associatif. À charge pour elle de décrocher un BTS par la validation des acquis de l’expérience.

Culture partenariale.

Mais cette recette, classique, ne serait rien sans le liant costarmoricain. « Une culture éprouvée du partenariat entre tous les acteurs. Ils savent mettre en place un maillage efficace pour des projets profitant à l’emploi. Postures et jeux de rôle ont été mis de côté », résume Emmanuel Mégret, délégué général de l’Upia. Cette culture a émergé dans la tourmente quand l’éclatement de la bulle Internet, en 2000, a provoqué 2 000 licenciements (sur 7 000 postes) dans la technopole de Lannion-Trégor. Organismes de formation, Opca, CPAM, CAF… Quarante acteurs se sont engagés dans Jobéo 22 pour favoriser l’emploi et régler les problèmes annexes, du logement au transport. Et Pôle emploi a joué le jeu, pour peu que le dispositif reste expérimental et temporaire. Après un décollage lent, les premiers résultats promettent. Sur les neuf derniers mois, 230 offres ont été récoltées et 113 chômeurs embauchés, pour les trois quarts en CDI, CDD de plus de six mois ou contrat pro. Soit 22 % du public rencontré. Le dispositif va être reconduit, ce mois-ci, pour un an. Et pour cause. Dans ses fichiers, Pôle emploi recense 1 400 jeunes adultes de niveau bac, dont 25 % au RSA…

Auteur

  • Anne Fairise