logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Le journal des RH

Le dialogue social est-il l’avenir des consultants ?

Le journal des RH | L’actu conseil | publié le : 03.06.2016 | Éric Béal

La loi El Khomri pourrait pousser les entreprises à relancer les négociations. Et faire le bonheur des consultants spécialisés…

Primauté de l’accord d’entreprise sur l’accord de branche, généralisation des accords majoritaires et mesures de soutien aux accords d’entreprise « offensifs »… Le projet de loi El Khomri promet de bousculer le train-train de la négociation collective. Encore faut-il que les partenaires sociaux en entreprise se sentent à l’aise avec ces nouvelles règles. Pour les consultants spécialisés dans la fluidification du dialogue social, il pourrait y avoir là un regain d’activité non négligeable.

Directeur de projet chez Idée Consultants, l’ex-syndicaliste Hervé Jégouzo estime que si l’entreprise produit de la norme sociale, un certain nombre d’élus et de délégués syndicaux auront à se former pour renforcer leur capacité à négocier. « La situation est généralement déséquilibrée entre les représentants des salariés et l’employeur. Lorsque le temps de travail sera sur la table, les élus se tourneront vers des consultants pour se former et faciliter la négociation. » Dans une version optimiste, même les directions pourraient ressentir le besoin d’un coup de main, afin d’arriver à un texte équilibré ayant une chance de passer l’éventuelle épreuve délicate du référendum.

Ère de dialogue

Fondateur du cabinet Dialogue social et compétitivité, Pascal Geiger se montre plus sceptique quant à l’influence de la loi. « Depuis 1982, il y a une volonté affirmée du législateur de dynamiser la négociation. Mais le bilan est très faible », observe-t-il. Et celui-ci de rappeler qu’en 2015, sur 1,2 million d’entreprises concernées, 36 500 accords ont été signés, dont seulement 5 500 selon une procédure atypique. C’est-à-dire en l’absence d’un délégué syndical, une situation caractéristique des PME. « Les grandes entreprises vont chercher à rediscuter la durée et l’aménagement du travail, mais les PME attendront de voir ce qui se passe dans leur branche », soutient-il. Même scepticisme chez l’ancien cédétiste Robert Bonnand, consultant chez Algoé. « À moins que les mandatements se multiplient, les choses n’évolueront pas drastiquement », pronostique-t-il.

L’ancien patron de Rhodia Chimie Bernard Chambon, aujourd’hui dans le conseil, veut, lui, y croire. « Les entreprises qui ratifieront des accords de compétitivité obtiendront un avantage concurrentiel. Les premières signatures créeront un appel d’air et inciteront d’autres entreprises à ouvrir une négociation. Cela pourrait devenir un enjeu important pour les DRH. Et permettre de créer des emplois », diagnostique-t-il. Si celles-ci s’engagent sur des contreparties en fonction des résultats, « une ère de dialogue social intense pourrait s’ouvrir », poursuit le consultant. À condition que les uns et les autres sachent négocier.

Auteur

  • Éric Béal