logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Idées

Du jargon “RH” et des mots (maux) de l’époque

Idées | Juridique | publié le : 03.05.2016 | Béatrice Bursztein

Image

Du jargon “RH” et des mots (maux) de l’époque

Crédit photo Béatrice Bursztein

Depuis des années, les employeurs et leurs représentants ne cessent de se plaindre de la prétendue complexité du droit du travail français… Et si une part de cette complexité résidait aussi dans le jargon « RH », cette langue des gestionnaires de l’emploi qui ont oublié en chemin le sens des concepts juridiques ? On entend ainsi qu’un groupe de dimension mondiale va fermer un site de production dans le Nord, mais qu’on se rassure, il n’y aura pas de « licenciements secs ». Certains d’entre eux pourraient donc être « mouillés » ? Faut-il rappeler que seule la faute grave ou la faute lourde est privative d’indemnités, et que tout licenciement économique, même individuel, doit s’accompagner d’un contrat de sécurisation professionnelle ou d’un congé de reclassement ?

Autre exemple, ces salons professionnels courus accueillant des DRH qui proclament ne jamais procéder à des licenciements, mais exposent benoîtement leurs méthodes de réduction des effectifs. Et pourtant, lorsqu’un comité d’entreprise, s’étonnant de constater que des salariés s’évaporent sans être remplacés, demande à être consulté sur cette situation, il n’est pas rare qu’il se voie reprocher par les dirigeants de « vouloir un PSE, donc de demander des licenciements ». Pour éviter cet écueil, ces derniers ne mettront d’ailleurs pas en place un PSE, mais un PDV… Un sigle réservé aux initiés. L’on promet de favoriser les départs volontaires ? Soit. Mais si le nombre de volontaires n’est pas suffisant, il y aura des « licenciements contraints ». Il y aurait donc des « licenciements libres » ? Et que dire des consultations sur les « Livre I » ou « Livre II » (ou l’inverse !) qui ont remplacé les « Livre III » et « Livre IV » ? Elles porteraient donc sur des subdivisions du Code du travail ?

Il ne faut pas non plus oublier la procédure « d’info-consult » ou « d’information-consultation » qui, gommant toute hiérarchie entre les deux termes, escamote la portée du second. Les licenciements collectifs, eux, ne portent plus leur nom, mais se cachent derrière des projets aux intitulés souvent ronflants, évoquant l’avenir, le progrès, 2050… Mais de quoi parle-t-on ? Arrêtons les mystifications. Car, comme le disait Camus, « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». De l’entreprise, dans le cas présent.

Auteur

  • Béatrice Bursztein