Les syndicats saluent rarement l’arrivée de leur nouveau DRH. Chez Renault, Tristan Lormeau a ce privilège. « C’est une bonne surprise, commente Franck Daoût, le délégué CFDT. On craignait qu’on nous colle quelqu’un de l’extérieur, ne sachant rien de la culture de l’entreprise. » Entré en 1990 chez le constructeur, le dirigeant (51 ans) connaît le groupe comme sa poche : il a exercé des responsabilités au sein des fonctions RH de Renault et Nissan, en France, en Espagne et même au Japon.
Un atout maître pour ce père de quatre enfants, connu des élus au comité de groupe, l’instance mondiale de discussion avec les représentants du personnel. « Il est très attaché au dialogue social et a une bonne capacité d’écoute », assure Éric Vidal, secrétaire CFE-CGC du comité de groupe. L’homme est décrit comme affable, capable de défendre ses positions sans s’énerver ni devenir désagréable. Une qualité qui devrait lui être bien utile pour renégocier, cet automne, l’accord de compétitivité de Renault France. Un chantier majeur. Sur lequel le leader CGT fait déjà savoir qu’il n’acceptera pas d’allongement du temps de travail sans contreparties financières en heures supplémentaires, un régime imposé sur les sites espagnols.
Bien renseigné, Marc Tzwangue (SUD) attend, lui, Tristan Lormeau – par ailleurs responsable du Mouvement chrétien des cadres et dirigeants – au tournant. « Comment va-t-il pouvoir respecter ses convictions alors que le P-DG demande toujours plus de flexibilité ? » interroge-t-il. Dans un groupe en quête permanente de compétitivité, le successeur de Jean Agulhon, parti à la RATP, devra trouver les moyens de concilier efficacité et éthique.
